Communisme, un mot à protéger

« Le même mot brille un jour d’un immense espoir et n’émet un autre jour que des rayons de mort », a écrit Vaclav Havel. Ainsi en est-il de « communisme ». Certains soutiendront que cette pensée sanctionne définitivement l’épopée communiste du XX° siècle. Mais ne pourrait-elle pas fonder, à l’inverse, une perspective réaliste pour le XXI° siècle ? Dans ce cas, l’abandon du mot ne serait qu’un opportunisme doublé d’une erreur politique.

Un mot qui subit son passé

En réalité personne n’a jamais soutenu avoir édifié le communisme où que ce soit. Il était mis en perspective d’une représentation séquentielle de l’histoire enchaînant : féodalisme-capitalisme- socialisme-communisme sur la base d’un matérialisme historique à prétention scientifique. Si cette vision a pu sembler se matérialiser dans les pays dits du « socialisme réel », le mouvement communiste n’a jamais constitué un ensemble homogène dans son essor comme dans son déclin. Il n’en subsiste que des formations politiques dénaturées ou marginalisées et le plus souvent discréditées. Ainsi, pour s’en tenir au parti communiste français (PCF), les fonctions identitaires que lui reconnaissait Georges Lavau (tribunitienne, consulaire, auxquelles j’ai ajouté : théoricienne) se sont délitées au fil du temps pour ne laisser subsister qu’un groupe désordonné et sans idées.

Pour autant on peut reconnaître au mouvement communiste une novation importante : le refus de la fatalité de l’exploitation capitaliste, une posture prométhéenne dans l’invention de l’avenir. On doit à Marx une synthèse magistrale des premières analyses des économistes classiques, une présentation pédagogique de la valeur, une claire identification de la force de travail, un exposé vigoureux des mécanismes de l’accumulation du capital et de l’exploitation capitaliste rendue possible par la propriété privée du capital. Si certaines de ces catégories ne sont plus réductibles aux conceptions d’origine, on ne saurait contester qu’elles gardent, sur une base élargie, une grande pertinence. La contribution des économistes du PCF a été particulièrement intéressante avec la caractérisation de la phase du capitalisme monopoliste d’État (CME) et le mécanisme de suraccumulation-dévalorisation comme version moderne de la baisse tendancielle du taux de profit.

Il reste que ce qui s’est réclamé du communisme a nourri une conception dévoyée du pouvoir politique. Certes, ne perdons pas de vue le rôle positif joué par les communistes dans les combats majeurs du siècle dernier contre le nazisme et le colonialisme, dans l’animation des luttes revendicatives pour le progrès social, l’aide aux plus faibles, la gestion municipale. Mais la conception léniniste de conquête du pouvoir était fondée sur une succession de sophismes que la vie a dénoncés : les intérêts du peuple portés par la classe ouvrière conduite par son avant-garde révolutionnaire, le parti communiste dirigé par un collectif réputé détenir science et lucidité. Cette construction dogmatique (dictature du prolétariat, avant-garde révolutionnaire, centralisme démocratique) nourrissait un messianisme fondant la légitimité de directions autocratiques. Dans de telles conditions, l’homme nouveau, le citoyen des temps modernes, ne pouvait émerger.

L’ « en commun » à l’ordre du jour

Le paradoxe est que les expériences qui se sont réclamées du communisme se sont effondrées au moment même où s’affirme la communauté de destin du genre humain avec une intensité sans précédent dans son histoire. C’est d’abord la conséquence des évolutions qui se produisent dans sa base matérielle. Il y a bien sûr la mondialisation du capital qui entraîne celle de l’exploitation capitaliste à une échelle inconnue jusque-là. Mais il y a aussi l’expérience toute nouvelle de la finitude de la planète qui nourrit l’exigence d’une réflexion inédite sur sa survie. Évoquons encore bien d’autres éléments qui participent de cette globalisation : la coopération culturelle et scientifique, le développement d’Internet, la prolifération de milliers d’ONG, l’importance croissante du droit international, etc. De nouvelles solidarités se constituent pour traiter et résoudre de grandes questions comme la solution pacifique des conflits, la lutte contre la faim, les catastrophes naturelles, les épidémies, etc.

La généralisation des problèmes appelle une réflexion sur la production conjointe de valeurs à vocation universelle à partir des singularités des États-nations. C’est dans ce mouvement de convergence-différenciation que peuvent progressivement se forger les dimensions transnationales des citoyennetés aujourd’hui à base essentiellement nationale. L’idéologie des droits de l’homme qui a envahi la sphère qu’occupaient précédemment les grandes idéologies (théorie néoclassique, État-providence, marxisme) en est une manifestation positive, mais elle est insuffisante car elle ne produit pas de sens. Comme le souligne Marcel Gauchet, l’idéologie des droits de l’homme, a-historique, fonctionnant sur la base de l’indignation spontanée immédiate, combinée au pouvoir médiatique, s’inscrit dans une autorégulation des rapports sociaux qui n’est pas sans analogie avec celle du marché dans la sphère économique ; il analyse l’avènement de la démocratie dans un mouvement pluriséculaire d’affranchissement du religieux dont les expériences communistes n’ont pas su, elles-mêmes, se préserver.

Le siècle qui s’ouvre pourrait ainsi donner sens à une notion d’intérêt général qui prendrait appui sur la globalisation des bases matérielles et la convergence des valeurs. Ainsi, contre le développement capitaliste inégal et l’exacerbation des rapports de forces, la gestion des ressources naturelles du sol et du sous-sol, de nombreuses activités de production et de services, diverses coopérations administratives, scientifiques et culturelles devraient constituer un « en commun » identifié avec une certaine précision, justiciable de services publics organisés au niveau international, voire mondial. Des notions comme celles de « patrimoine commun de l’humanité », de « destination universelle des biens » (Vatican II, « Gaudium et Spes ») pourraient faire du XXI° siècle l’ « âge d’or » des services publics.

Communisme : un mot pour demain

Comment passer du siècle prométhéen à la nouvelle civilisation de l’ « en commun » ? La situation actuelle est de transition, de décomposition sociale profonde caractérisée par une perte de repères qu’expliquent diverses causes : relativisation des États-nations, dénaturation de la notion de classe, bouleversements spatiaux, évolution rapide des mœurs et – peut être surtout – effondrement des grandes idéologies messianiques. Or, pour analyser le présent et explorer l’avenir nous ne disposons que des outils intellectuels du passé. De nombreuses recherches spécialisées existent, mais elles ne constituent pas, pour le moment, un corpus théorique opérationnel. Comprendre la nature du moment historique où nous sommes, les contradictions qui siègent dans la décomposition, est à la fois le moyen de conjurer l’avènement des monstres et de préparer les meilleures conditions d’investissements progressistes.

La crise sociale présente l’avantage particulier, en contradiction avec la période antérieure, de renvoyer la responsabilité politique vers l’individu, alors que, jusqu’à présent, la délégation de pouvoir était le mode le plus général d’exercice de la citoyenneté. C’est désormais au citoyen qu’il revient, dans un monde complexe et peu intelligible, d’exprimer des choix qui l’identifient comme sujet de droit et acteur politique, de se doter de ce que l’on pourrait considérer comme un véritable « génome de citoyenneté ». Alors que le mouvement communiste prétendait au siècle dernier déduire l’ « homme nouveau » de sa problématique, la question qui se posera à partir des affirmations individuelles des citoyennes et des citoyens sera plutôt de savoir comment dégager de la multiplicité des engagements individuels des centralités efficaces permettant l’avènement d’un « en commun » souhaitable qui pourrait se dire « communisme » ? Avant toute construction globale, plutôt que de s’enliser dans la recherche stérile de stratégies d’alliances entre formations politiques exténuées, une première réponse pourrait consister à reconstruire une identité différenciée sur sept questions fondamentales et à engager sur cette base les lourds travaux qu’elles impliquent : service public, appropriation sociale, institutions démocratiques, citoyenneté rénovée, statut du travail salarié, accueil responsable des étrangers, mondialisation universaliste. Une telle démarche pourrait demeurer ordonnée et rythmée par l’idée d’une rupture qualitative marquant l’étape intermédiaire d’une nouvelle cohérence, celle d’une société socialiste.

Si le mouvement communiste du XX° siècle a été chargé d’erreurs et de fautes graves, il a été aussi marqué par l’abnégation et le courage d’innombrables communistes qui, en tout état de cause, méritent le respect. Il convient de tirer les enseignements du siècle passé et de poursuivre la réflexion dans les conditions de l’ère nouvelle. La conviction exprimée, l’hypothèse faite ici, est qu’aucun autre mot ne pourra mieux que « communisme » dire au XXI° siècle le primat de la raison et l’espérance du genre humain. Dans ces temps ingrats, il faut donc le protéger.

Anicet Le Pors
Ancien ministre et ancien membre du comité central du PCF

14 commentaires sur “Communisme, un mot à protéger

  1. Il faut protéger le mot « communisme » mais aussi la chose « socialisme » parce que le socialisme c’est un but réaliste, le communisme un idéal lointain. Or avec les « socialistes » que nous avons, il faudra au moins des communistes pour réaliser le socialisme. Au moins!

    Quant au citoyen, je n’y crois pas beaucoup, il est entré dans le langage de la gauche quand le mot « prolétaire » en est sorti.

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  2. Que pouvait-on attendre d’un texte placé sous le signe de Vaclav Havel, cet aristo copain de Bush planqué derrière le masque du dissident intello que vénérèrent nos critiques de théâtre, dont certains marqués au sceau du communisme. (1)
    On aura beau produire un topo fait de tournures recherchées et d’expressions bien léchées, on ne fera jamais d’un squelette superbement habillé, un être de chair et de muscles.
    Très franchement, je trouve la proposition d’Anicet Le Pors sans intérêt. Seul le mot ‘communisme’ semble compter quitte à tenter de le faire coïncider avec ces sept notions disparates sur lesquelles il veut « reconstruire une identité différenciée » (? !). Des communistes d’un peu toutes les couleurs… Les classes sociales, au panier. Vive l’individu. Isolé.
    Prolétaires de tout le pays, désunissez-vous !
    Gaston PELLET

    (1) j’ai en tête sans pouvoir en retrouver les termes, une envolée lyrique de Jean-Pierre Léonardini, par ailleurs extraordinaire critique théâtral, vantant les mérites de Vaclav Havel y compris sur le plan politique, lors d’un Festival d’Avignon, alors que nous étions pourtant déjà dans la période noire des années 90.

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  3. Réponse à Gaston PELLET

    Merci pour ce commentaire.

    Le sujet du débat n’est pas Vaclav Havel. Pour autant je fais mienne la
    phrase citée. De même je passe sur les remarques de forme (au demeurant
    plutôt flatteuses) sur mon article, c’est le fond qui doit faire débat.

    Je ne répudie que ce qu’il me plait de répudier sur la base d’une expérience
    militante de 36 ans au parti communiste. Je retiens (3° alinéa) un corpus de
    fondamentaux du marxisme dont je considère toujours la pertinence même si
    elle m’apparaît dramatiquement insuffisante pour analyser la situation
    actuelle.

    Que faire ? (comme aurait dit Lénine). Je lis que les communistes en
    débattent du concept et du mot de communisme (je suis abonné à l’Humanité).
    Contrairement à ce que soutiennent (ou pensent sans le dire) nombre de
    communistes, je me déclare pour ma part (moi qui n’en fait plus partie) pour
    conserver un concept sans que son contenu soit aujourd’hui très clair (il
    suffit de poser la question aux communistes) car je pense que le temps
    travaille pour lui au-delà de l’expérience avortée.

    Pour commencer à sortir de la décomposition actuelle, je propose en effet
    que chacun prenne individuellement ses responsabilités et entreprenne de se
    reconstruire sur la base de quelques fondamentaux dont on peut discuter.
    Puisque vous avez consulté mon blog vous avez pu constater que je ne m’en
    tiens pas à ce seul énoncé.

    Et vous ? Que faites vous ?

    Anicet Le Pors

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  4. Pourquoi voulez-vous conserver le mot « communisme » alors que vous le videz de son contenu ?
    On peut parfaitement, comme vous le faites, penser une nouvelle identité collective, un en-commun, fondée sur des bases qui ne sont pas celles du communisme mais alors il ne serait pas intellectuellement correct d’en conserver le nom dont la signification, depuis Marx et le Manifeste, est parfaitement circonscrite. On n’a pas le droit de fourvoyer ses lecteurs et les éventuels futurs adeptes.
    Vous affirmez pourtant « retenir un corpus de fondamentaux du marxisme ». Où ça ? Même cette « appropriation sociale » qui semble vouloir faire allusion à la socialisation des moyens de production et d’échange reste une formulation qui ne vaut pas l’original. Pourquoi ne pas la conserver si vous y souscrivez encore ?
    Non, les bases sur lesquelles vous proposez de reconstruire cette nouvelle identité, faute d’être fopndamentales précisément et par ailleurs cohérentes (1), pertinentes (2), explicités (3) et débarassées de leur ambiguité (4), n’ont rien qui permette de bâtir une nouvelle société ce qui est bien, vous en conviendrez, l’objectif du marxisme et donc du mouvement communiste.
    Mais, dites-vous, vous n’en faîtes plus partie. Ceci explique évidemment cela. Et le choix de Vaclav Havel, ce misérable anticommuniste.(5)
    Reconstruire en se reconstruisant individuellement, excusez-moi, je ne comprends pas.
    Et moi, que fais-je ?
    J’adhère à un mouvement, le PRCF, qui oeuvre pour la renaissance du communisme en France. Le communisme et pas seulement le mot. Cela me semble préférable.
    GP

    (1) que vient faire là l’accueil des étrangers
    (2) statut du travail salarié ? !
    (3) service public, appropriation sociale
    (4) institutions démocratiques (sans doute), citoyenneté rénovée (!), mondialisation universaliste (!!), etc…
    (5) Le qualificatif « misérable » est emprunté à un ami : « Le misérable Havel peut bien faire ronfler ses mots creux, le capitalisme, lui, depuis ses débuts, brille inexorablement « des rayons de la mort ».

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  5. C’est quoi le PRCF et le communisme qu’il professe et qui reste à ce stade un objet politique non identifié ? Quelle en est alors l’utilité, sinon purement polémique ?

    A.LP

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  6. Rectificatif

    Réponse de Anicet Le Pors

    C’est quoi le PRCF et le communisme qu’il professe et qui reste à ce stade un objet politique non identifié ? Quelle en est alors l’utilité, sinon purement polémique ?

    A.LP

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  7. Quelle mouche vous pique, Monsieur ?
    C’est ainsi que vous concevez la discussion ! Je regrette d’avoir perdu mon temps avec vous.
    Pour ce qui est du PRCF, je vois que vous pratiquez également l’esquive. Plus simple et moins risqué.
    GP

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  8. J’ai vraiment apprécié votre article dans l’Huma sur le sarkozysme en voie de constitutionnalisation, sa clarté et sa justesse.
    Vos réflexions sur le communisme sont aussi tout à fait enrichissantes.
    Je retiens notamment votre conclusion:
    « Si le mouvement communiste du XX° siècle a été chargé d’erreurs et de fautes graves, il a été aussi marqué par l’abnégation et le courage d’innombrables communistes qui, en tout état de cause, méritent le respect. Il convient de tirer les enseignements du siècle passé et de poursuivre la réflexion dans les conditions de l’ère nouvelle. La conviction exprimée, l’hypothèse faite ici, est qu’aucun autre mot ne pourra mieux que « communisme » dire au XXI° siècle le primat de la raison et l’espérance du genre humain. Dans ces temps ingrats, il faut donc le protéger. »
    Je vois cela comme l’affirmation renouvelée de convictions et non comme un reniement, contrairement à l’intervenant précédent.
    Néanmoins, il y a deux points que vous n’abordez pas, en tout cas, directement. Celle de l’organisation pour porter ce projet et vous ne mentionnez p

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  9. Excusez moi pour la mauvaise manip.
    Sur la fin de mon commentaire :
    Les deux points que vous n’abordez pas, et sur lesquels j’aimerais connaître votre point de vue : celui de l’organisation pour porter cet idéal et aussi la question du socialisme qui me semble un projet de société réaliste et « concret » pour les citoyens. Voir les expériences en cours en Amérique latine, à Cuba, au Vénezuela ou en Bolivie notamment, avec leurs limites mais aussi avec leur richesse et le courage extraordinaire de ces peuples et de leurs dirigeants.
    Sur l’organisation, je continue de croire que le PCF peut être ce parti,; pour peu qu’il renoue avec ses fondamentaux idéologiques et théoriques, avec son ancrage populaire et qu’il « coupe le cordon » qui (à bien des égards) le relie encore au parti socialiste, bref qu’il retrouve pleinement sa fonction tribunitienne, qui est une de ses raisons majeures d’être.
    Cordialement,

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  10. Bonjour,

    Je vous remercie tout d’abord pour votre commentaire.

    Sur les deux questions que vous évoquez en conclusion :

    1/ J’aurais du en effet préciser que mon développement en faveur du concept de communisme n’invalidait pas, bien au contraire, la perspective de construction du socialisme. Je ne partage pas en effet le point de vue de communistes tels que Lucien Sève ou Jean-Paul Jouary qui pensent que le communisme est en élaboration dès maintenant et qui suppriment la phase socialiste. J’ai simplement voulu m’inscrire dans un débat : faut-il garder le mot ou non. Je réponds positivement ce qui peut surprendre pour quelqu’un qui n’est plus membre du PCF.

    2/ Nous avons sans doute une divergence sur le second point : je ne crois pas du tout le PCF actuel capable de porter vers l’avenir l’idée communiste. C’est une organisation que je connais bien (adhérent 36 ans dont 14 au comité central) et beaucoup des dirigeants actuels : ils n’ont pas la capacité de relever cette organisation, par insuffisance idéologique pour certains, par opportunisme pour d’autres. Pour autant je respecte les communistes qui font le choix d’y rester, mais ce n’est pas mon choix. Il faut que des choses meurent pour que d’autres vivent.

    A mon avis, nous sommes entrés dans une période de transition longue où le plus important est que chacun assume sa responsabilité individuelle ce qui n’empêche pas de réfléchir aux formes d’organisations souhaitables, aux alliances nécessaires (il y a de toute façon des élections) mais surtout de revenir sur les idées fondamentales qui permettront une recomposition idéologique débarrassée de toute allégeance de caractère religieux. C’est ce que je m’efforce de faire pour ma part, tout en intervenant sur les débats du moment comme en attestent les textes figurant sur mon blog.

    Bien cordialement,

    A.LP

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  11. Bonjour ANICET je me permets de te tutoyer par marque d’affection et de respect pour ta longue carriere au service de la Republique et du peuple.Tu n’est plus membre du parti mais l’important c’est que tu porte haut l’ideal communiste .Je regrette la polemique imbecile dans laquelle ton interlocuteur veut d’entrainer sans connaitre ton apport à notre cause.Ce n’est pas son pseudo parti revolutionnaire qui apportera le renouveau dont nous avons besoin.Quand tu pose la question »que faites vous »?Il n’y a pas de réponse concrete sur une veritable action de terrain (lutte politique réelle contre l’arbitraire sarkosiste, actions associative ou syndicales….)Des mots toujours des mots et derriere du vent!!
    Tu fais etat de ta longue experience de dirigeant, je m’exprime sur « alternativeforge »sur l’indispensable renouvellement des cadres dont le parti à besoin,lié bien sur à un immense travail de formation à destination de communistes n’ayant rien à voir avec l’actuelle direction.Il me semble que sans cette remise en cause globale des hommes qui n’ont de communistes que le nom ou accrochés à une fonction nois ne reglerons rien.Qu’en penses-tu .Amicalement à toi
    CLAUDE DEFFONTAINE

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  12. Merci pour cette appréciation qui me touche.

    Nous divergeons sans doute sur la réalité du PCF aujourd’hui, ce qui ne contredit pas, comme tu l’as relevé, un point de vue commun sur l’avènement d’une perspective communiste, d’où ce texte pour dire qu’il y a des raisons pour ne pas abandonner le mot comme certains le proposent prétendant par là faire oeuvre de modernité. Pour ma part, je pense que ce parti est déjà mort car il ne dispose plus d’un élan vital suffisant pour sa survie malgré les bonnes les volontés qu’il continue de rassembler. Il s’ensuit une direction dont la caractéristique principale est qu’elle est dépourvie de toute idée susceptible d’identifier une force de contestation et de proposition significative : pas d’idée, et un mélange d’étroitesse et d’opportunisme. Aucun avenir.

    Partant de ce diagnostic, je pense qu’il faut refonder une idéologie qui au-delà de l’héritage (marxiste notamment) qui doit faire l’objet d’une analyse critique, donne consistance à une force de transformation radicale. Je propose à cette fin en conclusion du texte un certain nombre de chantiers qui me semblent de nature à ré-identifier le mouvement révolutionnaire dans notre pays sur des bases sérieuses ; ce qui représente beaucoup de travail. Leur mise en cohérence permettrait de caractériser une étape socialiste concrète. Je me suis engagé sur plusieurs d’entre eux mais c’est tout à fait insuffisant par rapport à ce qu’il faudrait faire.

    Bien amicalement,

    Anicet Le Pors

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  13. Cher Anicet Le Pors,

    votre contribution me semble bien justifiée et pose, en effet, des jalons incontournables pour une réflexion plus large sur la République.

    Néanmoins, que différencie selon vous le socialisme du communisme ? Les deux n’ont-ils point pour objet l’appropriation sociale des moyens de production ? Ou bien, encore, la démocratie de la sphère publique à l’atelier, pour reprendre une formule de Jaurès ?

    Ensuite, pensez-vous qu’il puisse être utile aujourd’hui d’insister sur la convocation d’une Assemblée constituante pour justement retrouver la démocratie, dans l’articulation de la nation et de l’humanité ? La sphère institutionnelle, en cela, ne serait-elle pas à considérer comme le centre de tout véritable changement ? Plus précisément, ne pourrait-on pas suggérer que les citoyens, perdant progressivement la maîtrise de leur destin démocratique par une coupure dans les mécanismes représentatifs, doivent se réapproprier la règle du jeu politique ? En ce sens, peut-être aussi ne pas déléguer la responsabilité des droits de l’homme et du citoyen, et de l’Etat de droit, au seul Conseil constitutionnel ?

    Enfin, cher Monsieur, permettez-moi de revenir à votre référence concernant la « destination universelle des biens » (Vatican II) qui, dans son contexte, met l’accent sur la création divine des biens et du monde, à l’inverse du projet républicain qui, par exemple avec Rousseau, avance que nul Dieu ne peut nous sauver (lire notamment Cassirer, Philosophie des Lumières, p.173). A ce titre, par delà les convictions religieuses, n’y a-t-il pas cependant, selon vous, un horizon entièrement laïque permettant de donner une force toute philosophique à la construction de cet horizon humaniste ?

    Avec toute ma cordialité,
    Jérémy Mercier

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  14. Bonsoir,

    merci pour vos observations qui appellent de ma part des précisions.

    1/ le socialisme et le communisme s’inscrivent, de mon point de vue, dans le même processus. Le socialisme appelle une conception et une formalisation complète susceptible de faire l’objet d’une perspective politique réaliste (appropriation sociale, démocratie avancée, etc.). le communisme est moins clairement définissable et correspond à un stade parachevé de la démocratie ; il s’agit surtout d’un degré qualitatif marqué notamment par une dé-marchandisation des rapports sociaux.
    2/ Je ne suis pas favorable à la réunion d’une Assemblée constituante qui m’apparaît, dans les conditions actuelles, être irréaliste. J’accorde la plus grande importance aux institutions et vous trouverez sur mon blog plusieurs textes qui leur sont consacrés, mais je ne veux pas accréditer l’illusion que de bonnes institutions résoudraient les problèmes.
    3/ La référence à Vatican II avbait pour but de montrer que même dans ces milieux s’impose l’idée d’une certaine socialisation. C’était aussi … un brin d’humour. Bien sûr, seule la laïcité a vocation universelle.
    4/ Je participe le 6 septembre à l’Université d’été du MRC à Belfort et je mettrai sur mon blog le texte de mon intervention qui n’est pas sans rapport avec vos remarques.

    Bien cordialement,

    Anicet Le Pors

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