« Dis-moi comment tu juges… » – Bretagne-Ile de France, mars 2010

Droit d’asile et devoir d’hospitalité*

 

Anicet Le Pors récidive. Nous avons rendu compte dans le dernier numéro de Bretagne-Ile de France de la publication de la 3° édition de son « Que sais-je ? » sur Le droit d’asile. Ce petit livre de la célèbre collection des Presses Universitaires de France est devenu un classique pour les étudiants, les universitaires et les spécialistes du droit d’asile. Mais il manquait à cet ouvrage juridique une version traduisant la dimension humaine et politique du droit d’asile. Un mois plus tard, c’est chose faite avec son nouveau livre Juge de l’asile. L’une des activités actuelles d’Anicet Le Pors est en effet de siéger chaque semaine comme président des formations de jugement de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), située rue du colonel Rol Tanguy à Montreuil. Il nous y rend compte de ses rencontres avec les errants du monde.

Ils sont Tchétchènes, Serbes, Kosovars, Turcs, Sri Lankais, Congolais, Maliens, Guinéens et de bien d’autres nationalités ou minorités. Ils racontent les persécutions qu’ils ont subies, les menaces graves qui pèsent sur eux et les craintes qu’ils ont de devoir retourner dans leur pays si on les renvoie. Le juge les rencontre au terme d’un parcours semé d’obstacles qui deviennent de plus en plus difficiles à franchir du fait des politiques sécuritaires développées en France et au sein de l’Union européenne, au préjudice du droit internationalement reconnu à la protection du réfugié.

C’est ce parcours qu’illustre Anicet Le Pors sur la base d’odyssées réellement rapportées devant la Cour nationale du droit d’asile, développant, à partir de son expérience, un point de vue critique rare dans ce milieu. Droit au contenu politique fort, distinct du droit commun des étrangers, le droit d’asile interpelle, au-delà des spécialistes, le mouvement associatif, la représentation politique et l’opinion publique toujours en éveil sur ces questions, mais le plus souvent dans une grande confusion. Il est à la fois pierre de touche et composante essentielle de la citoyenneté dans le face-à-face du citoyen d’ici et du citoyen d’ailleurs : « Dis-moi comment tu juges, je te dirai qui tu es ».

Le livre est préfacé par le professeur François Julien-Laferrière qui fait autorité en matière de droit d’asile. Voici la conclusion de sa préface.

« Anicet Le Pors a le grand mérite de poser un œil lucide sur cette vérité. Il en démonte les arcanes, il en dénonce les déviances. Il ne dit pas que tous les demandeurs d’asile devraient obtenir satisfaction. Mais il laisse comprendre qu’on a tort de penser trop souvent qu’on a affaire à de « faux réfugiés » ou à de « faux demandeurs d’asile » – expressions qui, au demeurant, n’ont aucun sens. Le juge doit être impartial, ne pas avoir de préjugé, ne pas cultiver de visions stéréotypées des justiciables dont le sort dépend de sa décision.

Rien que parce qu’il dit cela, parce que c’est un « juge de l’asile » – et non un gauchiste illuminé ou un « associatif » angélique – qui le dit, qui remet en question le regard que la juridiction à laquelle il participe jette sur les justiciables qui s’adressent à elle, ce livre est une révolution. Pour cette raison, sa lecture devrait faire partie de la formation obligatoire des fonctionnaires des ministères de l’immigra¬tion et de l’intérieur, des officiers de protection de l’OFPRA, des agents de la police aux frontières et des membres – présidents et assesseurs – de la CNDA. »

° Michel Houdiard Éditeur, 15 euros

3 commentaires sur “« Dis-moi comment tu juges… » – Bretagne-Ile de France, mars 2010

  1. Bojour,
    Souhaitant organiser une initiative sur La rochelle avec vous si possible sur la base du texte paru dans l’HUMA du 31 aout2010, pourriez vous me contacter par mail pour savoir ce qui peut être fait.
    Merci
    Meilleures salutations

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  2. Cher Monsieur,

    Je suis un de vos lecteurs,

    ne sachant comment vous joindre autrement, je me permets d’utiliser votre blog afin de vous faire parvenir ma demande :

    Diplômé depuis le 18 octobre 2010 d’un master 2 en droit des contentieux publics à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, obtenu après la soutenance d’un mémoire concernant le droit des étrangers, je viens vers vous afin de solliciter un poste de rapporteur au sein de la Cour nationale du droit d’asile.

    Au cours de mes études j’ai assisté régulièrement à des audiences tenues par votre Cour, ainsi que par l’ensemble des tribunaux administratifs de la région parisienne. En outre, en vue de la préparation de mon mémoire de fin d’études consacré au droit des étrangers, intitulé « Les multiples formes de contentieux en droit des étrangers » j’ai effectué un stage au GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigrés). Lors de ce stage j’ai eu l’opportunité de rédiger moi-même plusieurs recours devant la Cour nationale du droit d’asile. Ce travail d’étude en profondeur des dossiers des étrangers demandeurs d’asile n’a fait que renforcer mon attrait pour le droit des réfugiés et la justice administrative.

    Mon cursus universitaire et mon parcours professionnel tournés vers le contentieux administratif et le droit judiciaire m’ont permis d’acquérir les qualités d’analyse, de synthèse et de rigueur nécessaires à l’exercice des fonctions de rapporteur. Je possède de surcroît les connaissances nécessaires en droit des étrangers et des réfugiés et en matière de géopolitique pour être très rapidement en mesure d’exercer de telles fonctions avec efficacité.

    J’ajoute que j’exerce actuellement une activité bénévole au sein de l’association ANAFÉ (Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers). J’ai l’occasion, dans ce contexte, de pouvoir m’entretenir régulièrement avec des officiers de protection de l’OFPRA affectés en zone d’attente aéroportuaire et de pouvoir observer sur le terrain les difficultés liées à l’élaboration mais aussi à l’examen des demandes d’asile.

    Enfin, mon intérêt pour les cultures et les civilisations étrangères, qui m’a conduit à voyager à plusieurs reprises en Inde et en Afrique et à suivre des études en langues orientales en parallèle de mon cursus juridique, me laissent penser que je serai à même d’accomplir pleinement toutes les missions qui me seront confiées par la Cour nationale du droit d’asile.

    Je reste à votre disposition pour des renseignements complémentaires,

    je vous prie de croire en mon profond respect,

    Benjamin Brame

    benjaminbrame@yahoo.fr

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