par René Monfort
« Ministre de la fonction publique de 1981 à 1984, Anicet Le Pors aime se ressourcer à Plouvien village de son enfance. De la terre des prêtres à la laïcité, il a vécu un parcours original.

Anicet Le Pors, 91 ans et toujours bon pied bon œil, est attaché à la commune de Plouvien où il réside une partie de l’année. Haut fonctionnaire de l’Etat, il est nommé ministre de la fonction publique et des réformes administratives dans le gouvernement de Pierre Mauroy entre 1981 et 1984. Il n’a pas fallu longtemps pour qu’il propose une unification de la fonction publique qui compte aujourd’hui plus de 5 millions de personnes. « Mauroy homme du Nord m’a laissé faire cette proposition. À l’époque on ne pouvait révolutionner le gouvernement car nous n’étions que quatre ministres communistes au gouvernement. » Les temps changent et Anicet Le Pors quitte le parti communiste sans changer de philosophie. À la demande de Michel Rocard, il va présider le Haut Conseil à l’Intégration qu’il quittera quand Charles Pasqua est devenu ministre. « Je n’étais pas formé pour être conseiller de Pasqua ! Je suis pour les échanges et la terre appartient à l’ensemble du genre humain. On est fait pour s’entendre., » Aujourd’hui, retiré de la vie politique, Anicet Le Pors peut faire le point. « Les grands partis sont morts, c’est le vieux monde qui disparaît. J’ai soutenu Fabien Roussel lors des dernières élections présidentielles, par contre l’écriture inclusive qu’il utilisait dans son programme me gênait profondément. » Quand il se retrouve à Plouvien, il se remémore l’histoire de ses parents émigrés à Paris à la recherche d’une vie meilleure. « Je me souviens des journées heureuses au patronage de Plouvien et des séminaristes dynamiques et fraternels qui l’animaient. Pendant la guerre j’ai passé deux ans à l’école et où j’ai rencontré mes meilleurs camarades comme Albert Le Guen. Nous passions nos vacances dans le grenier de Ty -Devet. Depuis mes années d’enfance, sénateur ou ministre, j’ai passé toutes mes vacances à Plouvien. » Le parti communiste et Plouvien ne faisaient pas bon ménage. « Un jour nous avions organisé une réunion du parti à Plouvien dans la salle de Catherine Feunteun. Au même moment se déroulait à l’église une cérémonie de pénitence collective. À la fin de la cérémonie, les hommes sont venus dans la salle par curiosité et on a fini à quatre heures du matin avec le commandant de la brigade de gendarmerie de Plabennec ! » Anicet Le Pors se souvient aussi du retour de ses parents après 30 ans en région parisienne heureux de retrouver la famille et les amis de jeunesse. Une vie chargée d’histoire et qui a valu à Anicet Le Pors la médaille d’honneur de la commune. »

OUEST FRANCE Dimanche, 14 août 2022