Pour une réelle appropriation sociale – Diverses Cités, septembre 2009

Nationaliser, voire plus …

La gauche a accédé au pouvoir en 1981 avec un slogan majeur « Là ou est la propriété, là est le pouvoir ». Sur la base de quoi, le secteur bancaire et plusieurs grands groupes industriels ont été nationalisés en février 1982. Ces nationalisations ont permis de sauver de la faillite plusieurs entreprises (dans la sidérurgie notamment), pourtant elles ont échoué à donner aux travailleurs la maîtrise de leur outil de travail et n’ont pas été l’instrument des changements démocratiques espérés. Il convient de s’interroger sur les raisons de cet échec. Parmi celles-ci, on peut évoquer le fait que les lois de démocratisation du secteur public et les lois Auroux sur les nouveaux droits des travailleurs sont intervenues bien tard, sans liaison avec le transfert de propriété. On peut aussi considérer que celui-ci est insuffisant à lui seul à réaliser une véritable appropriation sociale, sans considérer comme certains le font aujourd’hui que puisque ce n’était pas suffisant ce n’est plus nécessaire !

Le grand patronat et le gouvernement s’intéressent, eux, à la propriété du capital, car ils savent que celui-ci fonde leur puissance ; il suffit pour s’en convaincre de lire les quotidiens. Dès lors, comment considérer que l’on pourrait mettre en œuvre une politique de réel changement progressiste sans s’attaquer au fondement de cette domination, sans réaliser une véritable appropriation sociale, basée sur une large propriété publique complétée de mesures coercitives en matière d’emploi, de salaires, de formation, d’investissement, de recherche-développement, de coopération, d’un véritable statut du travail salarié ? On évoque timidement la mise sous tutelle d’entreprises fautives, on revendique la présence des représentants de l’État dans les banques et entreprises bénéficiaires de fonds publics. Ce serait la moindre des choses, mais c’est tout à fait insuffisant. Il faut commencer par nationaliser dans les conditions d’une effective appropriation sociale telle que précédemment définie. Un travail collectif considérable est indispensable pour définir avec précision quelles banques et entreprises doivent être nationalisées dans les secteurs de l’eau, de l’énergie, des ressources du sol et du sous sol, des industries stratégiques, des services.

Dans le passé, les plus grandes réalisations industrielles, les meilleures stratégies de gestion ont été le fait des entreprises publiques : EDF, GDF, la SNCF, l’industrie aéronautique et spatiale, le CEA, le CNRS, etc. La France fait référence en matière se services publics parce que dès la fin du XIX° siècle s’est développée une école de pensée qui en a théorisé la notion. Nous disposons d’une administration et d’un système de protection sociale dont l’efficacité est reconnue dans le monde entier. Chacun s’est plu à souligner que, face à la crise, les services publics, établis sur un large secteur public (en dépit des privatisations réalisées de droite comme de gauche), avaient joué un fort rôle d’ « amortisseur social ». L’objection selon laquelle la mondialisation nous interdirait désormais tout élargissement de la propriété publique ne tient pas, car la nécessité de l’appropriation sociale est aujourd’hui tout aussi impérative au niveau mondial et, par voie de conséquence, européen. La protection de l’écosystème mondial, l’approvisionnement en eau de tous les humains, le partage égal des richesses terrestres, les nécessités de la coopération internationale dans l’industrie et les services poseront avec toujours plus de force la nécessité de services publics dans ces domaines, entraînant nécessairement l’appropriation collective des biens publics correspondants. C’est dans ce sens qu’il faut aller, car c’est le sens de la modernité.

4 commentaires sur “Pour une réelle appropriation sociale – Diverses Cités, septembre 2009

  1. Que de pragmatisme.
    Mais (non réducteur) il convient tout de suite d’y ajouter ,bien que cela devrait se faire naturellement , que cela ,outre l’asentiment populaire, doit ,chez ces mêmes et légitimes nouveaux propriétaires,s’accompagner d’un sens aigu de la Solidarité.
    Et là,on a dérapé sur le plan sociétal,depuis une vingtaine d’années,pour aboutir aujourd’hui,du moins en France,à un individualisme carrément inhumain.
    Comment rebâtir et vite ? =
    Ecole d’abord
    Associations
    MPT etc…

    L’avenir,au vu des Finances publiques chez nous et leur projection à court terme,dans une omerta organisée et devant une cour de flatteurs intéressés plus aplatie que celle du roi-soleil,est plutôt sombre.
    Les Théories ,les Idées ,les Programmes s’élaborent.
    Mais COMMENT « désanesthésier  » nos compatriotes malmenés pour qu’ils nous rejoignent,qui que nous soyons, pour coopérer à la mise en oeuvre de méthodes qui servent leurs intérêts ?

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  2. Bien d’accord sur la nécessité de nationaliser les biens publics et ce qui de toute façon redevient monopoles, les réseaux, transport aérien, et terrestre collectif, énergie..
    En ce qui concerne l’eau, ne faut-il pas parler de service public décentralisé avec par exemple une agence nationale s’occupant de la ressource nationale, évaluation, recherches géophysiques, mais aussi recherche technologique, et à coté des services décentralisés. La régie me semble laisser face à face des salariés et un patron élu au lieu d’un patron privé. Des formes de SEM ou mieux de Scic sociétés coopératives d’intérêt collectif associant salariés, élus et usagers (grands et petits) ne seraient-elles pas préférables à une « nationalisation » qui risque de retirer aux intéressés locaux la maitrise de la ressource locale et de sa gestion?

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  3. Bonjour à tous,

    Vous trouverez sur le site du député PCF Jean-Jacques Candelier des propositions de loi pour démocratiser la gestion des entreprises en général, pas seulement celles qui sont nationalisées.

    La propriété est un pouvoir, mais on peut aussi rendre ce pouvoir caduc et inopérant, l’encadrer, le dévoyer au service des travailleurs, par la démocratie, le socialisme.

    Par ailleurs, vous trouverez une application avec la proposition de loi sur les banques :

    http://www.assemblee-nationale.fr/13/propositions/pion1920.asp

    fraternellement

    Le cabinet du député

    http://www.jjcandelier.fr/

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