JEAN LABROUSSE, MON CAMARADE, MON AMI


Lorsque Jean Labrousse a été nommé Directeur de la Météorologie nationale quelques mois après l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, je me souviens avoir ressenti une joie intense et une grande fierté. Enfin, la compétence professionnelle et les qualités humaines pouvaient être consacrées dans  l’organisation sociale sans que les opinions politiques ou syndicales y fassent obstacle ; c’était un terme mis à des interdits professionnels non écrits mais réellement appliqués depuis plusieurs décennies qui voulaient qu’aucun militant de la CGT, par exemple, ne puisse occuper quelque poste d’autorité d’une certaine influence ni recevoir la moindre distinction sociale.  Or, s’il n’&tait pas le seul, Jean était l’un des rares ingénieurs de la météo à s’afficher comme cégétiste et à  participer à l’activité du Syndicat national de la Météorologie nationale-CGT.  C’est ainsi que nous nous sommes rencontrés dans cette proximité professionnelle et syndicale, il y a … 50 ans.

Il ne me revient pas de rendre compte ici de l’œuvre accomplie par Jean Labtousse comme ingénieur puis comme Directeur de la Météorologie nationale,. Mais ce dont je peux attester c’est que dans toutes les circonstances de ma vie professionnelle, sociale ou politique je n’ai recueilli que des témoignages extrêmement positifs à son sujet, soulignant son rayonnement scientifique aussi bien au plan national qu’international, son intégrité absolue et son esprit de tolérance.

En réalité, nous ne nous sommes plus réellement quittés et une forte amitié, nourrie de nouvelles expériences communes, nous a fait explorer ensemble de nouveaux domaines de la science, de la politique ou de la culture. Je me souviens de l’éloge du ministre de la Recherche, Hubert Curien, lui remettant les insignes d’officier de la Légion d’honneur. Je me souviens de cette réunion publique dans sa commune de résidence, Le Chesnay, dont il a été un élu pendant plusieurs années et où il m’avait invité à parler de la citoyenneté et des institutions. Je me souviens de notre visite commune au centre de Météo-France de Toulouse il y a quelques années où nous avion mêlé, chacun dans son registre, interventions scientifiques et institutionnelles sur la conception française de la fonction publique et l’avenir du service météorologique national. Je me souviens – ce fut notre dernière rencontre – qu’il me fit l’honneur, avec Jeannine son épouse,  d’assister à  la présentation à l’Assemblée nationale, de mon livre Les racnes et les rêves (un titre qui nous parlait forcément à tous deux), juste avant son départ pour la Corse…

Mais je me souviens aussi des rencontres et des repas fraternels partagés avec des anciens de la Météo au cours desquels nous évoquions les luttes d’autrefois auxquelles nous avions participé ensemble (‘pas forcément tous dans le même syndicat !). Jean était ainsi un homme complet, amoureux de la vie dans toutes ses richesses et ses valeurs, un homme de progrès curieux de toutes les novations scientifique et des avancées sociales, un citoyen militant dans toutes les dimensions du concept. Une vie dont le sens revêt une haute signification dans notre temps.

Anicet  Le Pors

Adhérent du Syndicat national de la Météorologie-CGT (1955-1966)
Ministre de la Fonction publique et des Réformes administratives (1981-1984)

 

Photo : Jean et Jeannine Labrousse le 27 mai 2010

Hean Labrousse est décédé le 9 juillet 2011

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