Remise de la Légion d’honneur à Jean-Christophe LE DUIGOU – Montreuil 30 janvier 2012

Monsieur le Secrétaire Général de la CGT,
Chers amis, chers camarades,
Cher Jean-Christophe,

Je suis sensible et honoré que Jean-Christophe LE DUIGOU m’ait demandé de lui remettre les insignes de Chevalier de la Légion d’honneur. D’abord, parce que je mesure l’effort que représente l’appel à un Léonard pour dire les mérites d’un Trégorois. Ensuite parce que, si ce type de circonstance n’est pas si fréquent dans cette maison, elle ne doit pas être dédaignée comme l’expérience de mes relations avec les dignitaires de l’Ordre me l’a montré. Enfin, parce qu’il s’agit d’une intention amicale qui marque une amitié fraternelle de quarante ans, sans occulter les différences ou les désaccords que nous pouvons avoir sur telle ou telle question.

Les motivations qui ont conduit à la nomination de Jean-Christophe sont, il est vrai, considérables. Chaque facette de sa vie – on serait tenté de parler de plusieurs vies en une – justifierait à elle seule l’honneur qui lui est fait. On en jugera par quelques rappels de ses parcours professionnel, syndical, en tant qu’intellectuel et expert, comme militant politique, auteur de très nombreux ouvrages qui font la synthèse de ces « vertus et talents » au sens de l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789.

Sur sa carrière professionnelle

– maîtrise de gestion de l’Université de Rennes/DESS d’informatique/ancien élève de l’école nationale des impôts
– 1973 : analyste informaticien au MEF
– 1981 : inspecteur principal des impôts
– 1988-1989 : auditeur à l’IHEDN
– 1992 : directeur divisionnaire des impôts
– 2009 : conservateur des hypothèques

Sur ses responsabilités syndicales

– 1973 : adhésion à la CGT
– 1978 : secrétaire général du syndicat de la DG des Impôts CGT

– 1982 -1994 : secrétaire général de la fédération des Finances CGT. Dans une situation complexe et contradictoire et même conflictuelle (dont j’ai connu largement les prémices) il a su installer( une atmosphère plus sereine par la discussion, le respect des opinions diverses et la démocratie syndicale.

– 1995 : directeur du centre confédéral CGT d’éducation économique et sociale
– 1999 – 2009 : secrétaire de la CGT, membre du bureau confédéral et de la commission exécutive chargé des questions économiques et des retraites
– 2006- 2009 : en charge de la commission Promotion du développement durable, des services publics, des politiques industrielles de la CGT

Sur ses apports d’intellectuel et d’expert

Retraites

– conseil d’orientation des retraites, le COR (>2000)
– conférence relative à la revalorisation des pensions de vieillesse /VP du conseil de surveillance du fonds de réserve pour les retraites (>2003)
– Les compliments de l’ancien préfet de police, conseillert d’État, Guy Fougier.

Energie

– commission de régulation de l’énergie (>2008)
– comité d’orientation du fonds énergétique d’investissement (>2009)

Economie générale

– 2004 – 2005 : membre de la mission conduite par Jean-Louis Beffa visant à définir les conditions d’une bonne relance de grands programmes scientifiques et technologiques
– -2005 – 2008 : membre du conseil de surveillance de l’agence d’innovation industrielle dont il sera le VP
– depuis janvier 2009 : membre du comité d’orientation du Fonds stratégique d’investissement

Politique nationale

– 1982 – 2004 : représentant de la CGT au CES
– 1993 : membre du bureau du Conseil national de l’information statistique (CNIS) auprès de l’INSEE et du Comité consultatif d’Eurostat
– membre de la commission économique de la nation (>1999)
– 1999 : membre de la commission de la concertation du CGP en vue de la préparation du rapport sur les perspectives de la France

Sur sa trajectoire de militant politique

– 1962 : adhère à la JC
– 1987 – 1996 membre du CC du PCF
– Section économique du PCF : arrivée en 197-1975 sur fiscalité / puis finances publiques/ responsable du département « finances » incluant les banques / puis responsable adjoint de la SE jusqu’en 1992.
– 1991 : cofondateur de l’association Confrontations devenue en octobre 1999 Confrontation pour une démocratie participative européenne
– Chronique hebdomadaire dans l’Humanité-Dimanche

Sur sa production éditoriale

Une douzaine d’ouvrages dont :

– L’économie et la gestion de l’entreprise (1987 ES)
– Réinventer l’impôt (1995 ed. Syros)

*** L’avenir des retraites (débat avec Jean-Michel Teulisse et en collaboration avec Michel Gainaud, 1999 ed. At)
– Capitalisme patrimonial ou nouveau statut salarial (sous la direction, avec Henri Jacot, 2000, L’Harmattan)

*** Pour ou contre les fonds de pension, débat avec Bill Crist (2002 Grasset)

*** 10 propositions pour sortir de la crise (avec Nasser Mansouri-Guilani, ed. At, 2009)

*** Petit livre des retraites … avec Pierre-Yves Chenu ed. At. 2010).

On le voit, les motivations de la nomination de Jean-Christophe comme Chevalier de la Légion d’honneur sont surabondantes. Chacune de ces vies de Jean-Christophe justifierait cette désignation. Leur unité est à rechercher dans l’article prémier de la Déclaration des droits de 1789 « Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ». Bous dirions aujourd’hui le service de l’intérêt général, le service public. Il est bon que cela trouve l’occasion de s’affirmer alors que l’air du temps pousse à mettre un signe d’égalité entre secteur privé et modernitéé.

J’imagine aussi que cette activité multidimensionnelle a du souvent entrer en concurrence avec d’autres domaine de la vie : familial notamment. C’est pourquoi je veux associer à cet hommage son épouse Françoise et ses filles Anne et Marie.

Enfin, cette désignation elle-même ne doit nourrir aucune réserve. Il s’agit comme le disait le poète algérien Kateb Yacine parlant de la langue française que certains de ses compatriotes considéraient comme une marque persistante de la colonisation d’un « butin de guerre ».

 

 

 

Il me revient donc de procéder maintenant de procéder la remise de ces insignes et de prononcer des paroles sacramentelles : « Jean-Christophe LE DUIGOU, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nons sont conférés, nous vous faisons Chevalier de la Légion d’honneur ».