Anne-Marie TIEGES et Edouard KIERLIK Chevalier de l’Ordre national du Mérite -Université Paul et Marie Curie, 15 septembre 2017

 

 

Monsieur le Président, merci pour vos paroles d’accueil et d’honorer de votre présence cette cérémonie,

Mesdames, Messieurs,

Chère Anne-Marie TIEGES, Cher Édouard KIERLIK,

 

Par décret du Président de la République du 2 mai 2017 vous avez été nommlés Chevalier dans l’Ordre National du Mérite. C’est une reconnaissance solennelle au nom de la République en même temps que l’occasion d’une rencontre conviviale et heureuse autour de vous. Mais cette nomination ne prend effet qu’à partir de la remise des insignes dans le respect les rites prévus par la Chancellerie, c’est-à-dire à partir d’aujourd’hui.

L’Ordre National du Mérite a été créé en 1963 par le Général de Gaulle ; c’est, avec la Légion d’honneur l’une des deux ordres nationaux majeurs. Ses racines sont cependant bien plus anciennes. On peut notamment les identifier dans l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 aux termes duquel : « Tous les Citoyens étant égaux (aux yeux de la loi) sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents ». C’est pourquoi l’Ordre National du Mérite entend récompenser les « mérites distingués » ; en l’espèce, du service public.

Les vôtres le sont particulièrement. Vous appartenez à la haute fonction publique, Anne-Marie Tièges comme Administratrice de l’enseignement supérieur et de la recherche, DRH de l’UPMC ; Édouard Kierlik comme Professeur, Directeur de l’Unité de formation et de recherche (UFR) de physique de l’UPMC. D’être amené à officier aujourd’hui pour consacrer des mérites dans des fonctions aussi distinctes d’une même Université revêt pour moi une signification toute particulière que je peux exprimer sous forme d’une anecdote vieille de 35 ans dont la scène était le bureau du Premier ministre de l’époque ; Pierre Mauroy, pour une séance d’arbitrage entre le ministre chargé de la Recherche, Jean-Pierre Chevènement, et moi-même en charge de la Fonction publique. Il s’agissait de savoir, dans le cadre de l’élaboration du statut général des fonctionnaires, quel statut particulier réserver aux agents des établissements publics de recherche. Leur ministre de tutelle, Jean-Pierre Chevènement soutenait l’idée d’un statut autonome, comme celui des magistrats de l’ordre judiciaire, par exemple. Soucieux de ne pas multiplier les catégories, je défendais au contraire l’idée que ces personnels pouvaient être considérés comme fonctionnaires de l’État, fusse en situation très dérogatoire compte tenu de leur spécificité, l’ouverture sur l’international notamment. Après l’exposé par les deux ministres de leurs thèses respectives, Pierre Mauroy, dubitatif, se tourna vers une personne qui se tenait au bout de la table – il s’agissait d’un conseiller d’État, Marceau Long, Secrétaire général du Gouvernement – Il lui demanda : « Monsieur le Secrétaire général, pensez-vous que l’on puisse faire cela ave c le statut général des fonctionnaires ? » : et le Secrétaire général lui répondit : « Monsieur le Premier ministre, on peut tout faire avec le statut général des fonctionnaire ! ». L’arbitrage fut donc pris en compte dans le projet de loi de Jean-Pierre Chevènement qui deviendra la loi d’orientation de la recherche du 15 juillet 1982 toujours en vigueur.

Depuis je n’ai entendu aucune plainte contre cet arbitrage. Le statut général a en effet un caractère législatif au sommet de la « hiérarchie des normes » souvent évoquée récemment à propos de la réforme du code du travail. Il comporte donc à la fois les meilleures garanties de neutralité et d’impartialité pour l’administration et les garanties mettant le fonctionnaire à l’abri des pressions économiques ou politiques et de l’arbitraire éventuel du pouvoir hiérarchique. Il en est ainsi parce que ce statut est le résultat d’un ensemble de choix successifs : le choix du fonctionnaire-citoyen contre celle du fonctionnaire-sujet qui avait prévalu pendant tour le XIX° siècle et la première moitié du XX° ; le choix du système e la carrière considérant l’ensemble de la vie professionnelle du fonctionnaire contre le système de l’emploi liant strictement l’agent public à son métier ; la recherche d’un équilibre entre unité et diversité ayant conduit à la fonction publique « à trois versants » ; enfin, la référence à trois principes républicains fondateurs ancrés dans notre histoire : l’égalité, l’indépendance et la responsabiluté.

J’entends par là donner du sens aux distinctions aujourd’hui consacrées, à l’inverse des vanités qui peuvent parfois être évoquées au sujet des décorations. Il s’agit bien en la circonstance de distinguer les mérites, les vertus et les talents de nos récipiendaires du jour. Ils sont bien connus de la plupart d’entre vous, c’est pourquoi je me bornerai à en rappeler l’essentiel.

 

Anne-Marie TIÈGES,

Après de brillantes études supérieures, d’une part en sciences sociales et économie du travail avec une option santé à Paris I, vous complétez par une formation à la gestion du personnel à Paris XIII – où j’ai moi-même enseigné.

Vous avez ensuite développé une carrière marquée par la constance de ces centres d’intérêt et une prise en charge croissante de responsabilités : sur l’enfance et la famille au Conseil général du 93, puis à la direction de deux établissements de santé mutualistes de Creil-Picardie, puis comme DRH à Aubagne (ville et CCAS), ensuite à Marseille (Institut de recherche pour le développement), et depuis 2014 comme DRH à l’UPMC soit 6500 agents, 17 campus, 100 laboratoires, 6 UFR, 7 écoles et instituts.

Vous avez eu parallèlement de multiples activités d’enseignement en direction des cadres territoriaux notamment, créé des diplômes, participé à des jurys, et vous avez co-écrit un ouvrage sur : La gestion du personnel au quotidien, sans cous être sentie obligée de parler de management.

Enfin, je relève également que vous avez été membre d’institutions représentatives, militante associative et que vous avez participé sur tous les sujets précités à des missions tant en France qu’à l’étranger (Roumanie, Canada, par exemple)

Et c’est pour toutes ces raisons que, « Anne-Marie Tièges, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés nous vous faisons Chevalier dans l’Ordre National du Mérite. »

 

Édouard KIERLIK,

Professeur, donc, de classe exceptionnelle à l’UPMC au Laboratoire de physique théorique de la matière condensée, vous êtes un ancien élève de la prestigieuse École Normale Supérieure.

Vous rejoignez l’UPMC comme doctorant avant même votre service militaire. Vous vous consacrez à l’enseignement comme maître de conférence puis comme professeur.

Votre carrière est caractérisée par des responsabilités majeures relatives à la licence de physique de l’UPMC avant d’être nommé directeur de son UFR de physique.

Vous êtes chargé de plusieurs missions d’expertise et êtes porteur de projets dans le cadre de la définition et de la conduite des contrats d’établissement sur la période 2009-2018.

Vous êtes l’auteur de 39 articles dans des revues internationales et avez été cité – je sais combien c’est important dans une carrière universitaire – 2  137 fois.

Vous intervenez aussi de plus en plus à la radio et à la télévision : vous avez écrit quatre livres de popularisation de la science qui révèlent une dimension intéressante de votre personnalité puisque les deux derniers s’intitulent : Physique buissonnière et Physique surprise (2013). Vous avez fait déjà, en raison de cette vocation de mise à disposition du plus grand nombre de vos connaissances scientifiques, l’objet de nombreux titres et distinctions. Je me bornerai à citer le Prix Jean Perrin en 2008, récompensant l’action pour la popularisation de la science, qui vous a été décerné par la Société française de physique.

Pour ma part, je me permets simplement de solliciter une faveur : que vous nous disiez un mot sur « la  matière condensée ».

Mais en attendant, « Édouard Kierlik,, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés nous vous faisons Chevalier dans l’Ordre National du Mérite. »

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