Promotion au grade d’Officier de la Légion d’honneur de Hélène LUC – Choisy-le-Roi, le 21 mars 2017

Monsieur le Préfet,

Monsieur le Président du Conseil départemental du Val-de-Marne,

Monsieur le Maire de Choisy-le-Roi. Je joins mes salutations à celles que vous avez adressées aux personnalités qui honorent cette cérémonie, et je salue particulièrement Monsieur l’Ambassadeur du Vietnam en France dont la présence et les paroles qu’il vient de prononcer donnent une dimension internationale à cette cérémonie de la République française,

Mesdames, Messieurs,

Chère Hélène,

 

C’est pour moi un plaisir et un honneur d’avoir été choisi par mon amie Hélène Luc pour lui remettre les insignes d’Officier dans l’ordre de la Légion d’honneur. Lorsque je suis entré dans cette salle une personne m’ademandé le but de ma visité, je lui ai dit que je venais pour la cérémonie d’hommage à Hélène Luc. Elle s’est alors exclamée : « Madame Luc, c’est un monument ! ». Je sais donc que je suis venu pour décorer un monument.

Je peux néanmoins regarder cela comme un juste retour des choses car je me souviens que, lors de mon entrée au gouvernement en 1981, elle m’avait organisé un apéritif et m’avait offert, au nom du groupe communiste dont elle était présidente au Sénat, une médaille à l’effigie de Maurice Thorez, qui avait été lui aussi ministre de la Fonction publique. Aujourd’hui je vais lui remettre les insignes d’un ordre créé par Napoléon. Maurice Thorez et Napoléon, même combat ! Nos grands hommes en la circonstance, mais nous convoquerions bien ensemble également nos grandes femmes.

Mais je suis heureux aussi, Monsieur le Maire de Choisy-le-Roi, que la cérémonie ait lieu ici, car la ville ne m’est pas une terre inconnue. De nombreux souvenirs m’y rattachent.. Mes parents y ont habité dans les années 1930, rue Rollin Régnier. J’y ai été scolarisé deux fois. La première fois en primaire et j’ai encore les billets d’honneur qui m’ont alors été décernés alors. La deuxième comme élève de l’école centrale du Parti communiste français. J’y ai été ensuite enseignant pendant plusieurs années, et ce dans la résidence qui hébergera aussitôt après la délégation vietnamienne négociant les accords de paix de Paris de 1973. Enfin, j’y ai noué des amitiés, en particulier avec Louis Luc, résistant, ancien maire de Choisy, grand journaliste à Ce soir et l’Humanité, pour qui j’ai une pensée ce soir ; avec Daniel et Annick Davisse qui a collaboré avec moi au ministère sur l’égalité femmes-hommes dans la fonction publique.

Mes liens avec Hélène cependant se rattachent principalement aux années que nous avons passées ensemble au Sénat. Nous y avons été élus à la même date le 25 septembre 1977, Hélène dans le Val-de-Marne, moi dans les Hauts-de-Seine. J’y suis resté quatre ans, Hélène trente ans. Mais j’y suis resté suffisamment longtemps pour me rendre compte combien il fallait, sous les ors et dans l’atmosphère du Palais du Luxembourg, de patience, d’abnégation, de courage pour faire œuvre utile et ne pas se décourager dans un environnement où on peut être parfois amené à se demander à quoi on sert. Car c’est une expérience éprouvante que d’être minoritaire dans une minorité. Je me suis souvent posé la question, notamment lorsque je suis parvenu une seule fois à obtenir un vote majoritaire dans une discussion budgétaire pour abaisser le taux de TVA sur les chaises de personnes handicapées de 15 % à 5 %, mais vous savez que le gouvernement a la possibilité à la fin de la discussion de faire voter sur l’ensemble des amendements par un vote bloqué portant sur les seuls amendements qu’il retient. Le mien ne figurait pas dans la liste il a donc été abandonné. Le ministre du Budget de l’époque s’appelait … Maurice Papon.

C’est pourquoi j’apprécie à les mérites éminents des sénateurs et sénatrices qui, comme Hélène, ont mené et mènent toujours ce combat opiniâtre pour la justice sociale et la démocratie. Je les salue ainsi que leurs collaborateurs dévoués. L’honneur qui est fait aujourd’hui à Hélène rejaillit aussi sur elles et sur eux. Lorsque j’ai visité le Sénat pour la première fois, c’était sous la conduite de notre ami André Aubry – ancien maire d’Anthony – et comme je m’étonnais déambulant dans les couloirs et les salles de le voir faire manifester beaucoup de courtoisie avec des sénateurs de différentes obédiences, après qu’i ait serré la main à Jean Lecanuet je lui ai dit mon étonnement. Il m’a alors répondu : « C’est vrai que la courtoisie est ici de rigueur, mais ce n’est qu’apparence :, la confrontation des idées est dure mon parti m’a fait élire ici pour « tenir le front du Sénat ; alors je tiens le front du Sénat ! ».

Comme lui, Hélène, monument de la vie politique locale et nationale ce qui constitue un atout, a tenu vaillamment le « front du Sénat ». Mais pas seulement. Lui remettant les insignes de chevalier de la Légion d’honneur en 2008, notre ami André Lajoinie a rappelé que, fille de mineur, elle s’est engagée très tôt dans l’action militante dès jeunesses communistes et a participé à tous les combats de progressistes de son temps. Elle a détenu de nombreux mandats : conseillère générale du Val-de-Marne de 1967 à 2004, conseillère régionale en 1976 et 1977, sénatrice de 1977 à 2007, présidente du groupe communiste (puis communiste, républicain e citoyen) au Sénat de 1079 à 2001 ; succédant à Marcel Rosette. Membre de la commission des affaires étrangères, elle a présidé le groupe d’amitié France-Vietnam et parrainé un partenariat entre l’assemblée départementale du Val-de-Marne et une province du Vietnam. Dans l’exercice de ses mandats Hélène a été omniprésente sur le terrain, traitant de dossiers aussi divers que l’enseignement, le logement, l’environnement, les relations internationales, et bien d’autres. Hélène a donc bien mérité de la République. La distinction qui l’honore aujourd’hui répond bien aux dispositions de l’article 6 de la Déclaration de droits de l’homme et du citoyen de 1789 aux termes duquel : « Tous les citoyens étant égaux (aux) yeux (de la loi) sont également admissibles à toutes places, dignités et emplois publics, selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents ».

Conformément aux dispositions du Code de la Légion d’honneur qui exige la confirmation de « mérites éminents » postérieurement à sa nomination dans l’Ordre, Hélène a continué de déployer une intense activité dans tous les domaines pour le progrès et la démocratie. Je me limiterai à quelques points qui à eux seuls justifient pleinement cette promotion.

 

 Sur le génocide arménien. Cette action a tout d’abord été marquée par le vote d’une proposition de loi de reconnaissance du génocide, prolongée par une nouvelle proposition contre le négationnisme. Hélène a initié et participé à de multiples manifestations autour du centième anniversaire du génocide en France, et sous diverses formes à Choisy avec le concours actif de la municipalité.

Pour l’amitié et la coopération avec le Viêt Nam. Présidente depuis 2007 de l’association d’amitié franco-vietnamienne pour la coopération et la solidarité avec le Vietnam, elle a développé une activité soutenue pour la connaissance en France du Vietnam, la coopération économique entre les deux pays, le développement de la francophonie, des actions de solidarité en faveur des plus pauvres. Plusieurs manifestations ont eu lieu avec son concours ces dernières années avec la participation de chambres de commerce et d’industrie (Paris, Lyon, Toulouse), d’universités, conseils généraux, municipalités, ambassade du Vietnam. Je pourrais encore évoquer des expositions et des conférences et pour conclure un déplacement en 2013 avec le maire de Choisy au Vietnam pour le 40° anniversaire des accords de paix de Paris, l’occasion de prononcer un discours devant 1000 personnes, 40 délégations étrangères, le Président de la République du Vietnam et Mme Thi Binh, bien connue en France et qui faisait partie de la délégation du Sud Vietnam lord des accords de Paris. Une femme remarquable d’intelligence, de rigueur et qui était au surplus une très belle femme : je l’avais remarqué et je n’étais pas le seul.

Pour le Musée National de la Résistance de Champigny. Hélène est membre du bureau du Musée depuis 2007. Elle a créé en 2015 l’association valdemarnaise des amis du musée. Elle participe aujourd’hui activement à la conception d’aménagement du nouveau bâtiment mis à la disposition de l’association par le département. Elle est très impliquée dans la préparation du concours de la Résistance dans les écoles et de la Journée de la Résistance. Toutes ces activités lui valent d’être membre du conseil d’administration de l’ensemble des musées de la Résistance de France.

 Sur le vote d’une loi pour la reconnaissance et l’indemnisation des victimes des essais nucléaires en Polynésie. Elle s’est dépensée sans compter pour que les dossiers soient plus rapidement examinés pour le plus grand nombre.

Je pourrais encore évoquer son action en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes et l’éducation civique et institutionnelle dans les établissements scolaires.

 C’est pour ces raisons que, seulement huit ans – c’est le délai minimum requis – après sa nomination dans l’ordre de la Légion d’honneur, elle est aujourd’hui promue au grade d’officier. Et c’est pour tout cela que,

Hélène Luc, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés nous vous faisons Officier e la Légion d’honneur.

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