Louis Aminot est décédé le 15 avril 2018 à 76 ans. C’était une figure importante de la vie politique brestoise et bretonne. C’était un ami. Un hommage lui a été rendu le 20 avril par plusieurs centaines de personnes dans la salle des sports du Patronage laïque municipal Sanquerde Brest.
« Je présente, tout d’abord, mes condoléances à la famille de Louis et à ses proches. Mais nous étions tous ses proches. Je dois y associer, parce qu’ils me l’ont demandé, Charles Fiterman, ancien ministre, Claude Poperen et Pierre Juquin, tous trois anciens dirigeants du parti communiste français.
Beaucoup a été dit avant moi et j’adhère à ces justes appréciations. Cela me permet de limiter mon propos à deux idées.
La première : je me suis demandé quelles étaient les causes qui faisaient de Louis une personnalité si attachante. C est, je pense, qu’il avait su combiner la culture intime d’un ouvrier de l’arsenal, celle de la classe ouvrière à laquelle il était fier d’appartenir, et celle de l’intellectuel à l’égal des diplômés des grandes écoles qui font du travail intellectuel leur métier. Ainsi, par exemple, il avait déployé au cours des dernières années une grande activité pour promouvoir le livre de Pierre Juquin, ancien élève de l’Écule normale supérieure, sur Aragon. Passionné du débat d’idées, Louis était ouvrier et intellectuel. C’est une culture d’excellence que celle de l’ouvrier intellectuel. Et c’est ce qui explique, à mon avis, le rayonnement de Louis dans tous les milieux et dans toutes les régions. Je peux en témoigner pour les avoir toutes parcourues au cours des dernières années : dans chacune des régions françaises, il y a toujours des personnes qui évoquent Louis dès que l’on parle de Brest et de la Bretagne.
La deuxième idée est que je me suis parfois interrogé sur la cohérence du parcours politique de Louis. On l’a rappelé, il était entré très tôt au parti communiste qui l’avait formé politiquement. Il y avait appris l’importance du militantisme concret, de la théorie et de la lutte idéologique, de l’organisation et de la discipline, de la responsabilité individuelle et collective. Il en a fait une application exemplaire. Mais il en a aussi subi les fautes et les erreurs et même la violence, notamment en 1985 lorsque la fédération du Finistère du parti communiste a connu une crise aboutissant à un véritable schisme. Louis en a été profondément blessé, mais il a vite repris le fil de son idéal à travers une succession d’engagements. Il a été rénovateur avec les rénovateurs Pierre Juquin et Gilbert Wasserma : il a été reconstructeur avec les reconstructeurs Marcel Rigout, Claude Poperen et Félix Damette ; il a été refondateur avec les refondateurs Charles Fiterman, Guy Hermier et moi-même, puis il a poursuivi sans atteindre ce qui restait sa perspective : la révolution. Mais révolutionnaire il l’était depuis longtemps déjà. Ce n’est pas l’instabilité qui est la marque de son parcours, mais la continuité d’une marche d’ouverture au monde dans lequel prospèrerait le progrès humain.
Taciturne parfois, Louis, l’ouvrier intellectuel, était un optimiste fondamental.
C’est pourquoi je ne peux conclure qu’en reprenant l’appel par lequel il terminait ses messages : « Haut les cœurs ! ». N’est-ce pas, Louis ? »
A. LP