L’identité française, contribution à l’universalité – L’HUMANITÉ 24 mars 2007

Si la nation est identifiée à la communauté des citoyens, il y a identité française si la citoyenneté peut être caractérisée dans notre pays par des traits spécifiques qui permettent de la comparer à d’autres citoyennetés afin de repérer ce qu’elles ont de commun et de différent.

Dans son livre La citoyenneté à la française, la chercheuse Sophie Duchesne la définit comme le résultat de la tension existant entre, d’une part la citoyenneté « par héritage » qui fait du citoyen le membre d’une communauté définie par l’histoire, par la continuité de l’effort de générations sur le même sol, d’autre part la citoyenneté « par scrupules » qui ne reconnaît le citoyen qu’en tant que simple redevable à la communauté dont il est membre et à laquelle il oppose l’humanité sans frontière, des droits de l’homme immanents et sa propre individualité. Sophie Duchesne considère que la citoyenneté est un concept à valeur universelle, mais elle souligne sa force particulière en France et son lien avec l’identité nationale conséquence de la période révolutionnaire (« Ici on s’honore du titre de citoyen et on se tutoie ! »).

Il ne fait pas de doute aujourd’hui que cette identité nationale tend ici et là à être contestée par le biais de conceptions dégénérées qui voudraient se dégager de toute trajectoire historique passée et à venir. C’est ainsi que l’on parlera de « citoyenneté nouvelle », spontanéisme social indéterminé, de « citoyenneté de résidence », donnant-donnant territorial, de « citoyenneté européenne », objet politique non indentifié décrété par le traité de Maastricht.

Il y a identité française s’il est possible de la caractériser par des valeurs cardinales, un exercice spécifique de la citoyenneté par des moyens appropriés, enfin une capacité à faire face aux défis de l’évolution, spécialement dans la période crise que nous connaissons depuis l’effondrement du bloc soviétique.

Il y a identité française par référence à des valeurs forgées dans l’histoire nationale mais se proposant comme valeurs universelles. Une conception de l’intérêt général, catégorie éminente au-dessus de la somme des intérêts particuliers et ayant donné corps à une école française du service public à laquelle nous sommes particulièrement attachés. Une affirmation du principe d’égalité qui tend par des actions positives à l’égalité sociale au-delà de l’égalité juridique et qui fonde notre modèle d’intégration sur le droit du sol. Une exigence de responsabilité aux dimensions juridiques et morales que permet le principe de laïcité.

Il y a identité française dans l’exercice effectif de la citoyenneté par des droits et libertés conquis de haute lutte. Un statut du citoyen fondamentalement politique mais aussi économique et social. Une démocratie locale qui rapproche le citoyen des lieux de pouvoir, en particulier dans nos 36 000 communes. Des institutions sans cesse remises sur le chantier (quinze constitutions en deux siècles) qui font de la France un véritable laboratoire institutionnel où cinq Républiques ont émergé dans le drame, le combat et le sang.

Il y a identité française lorsqu’elle s’éprouve enfin dans sa capacité à répondre aux défis de l’histoire. À faire face à la crise de l’individualité et des représentations caractérisée par la perte des repères consécutive, notamment, à l’affaissement des grandes idéologies. À s’inscrire dans une convergence maîtrisée des diverses citoyennetés dans le monde (subsidiairement en Europe) dans une recherche conjointe d’universalité. À contester la raison d’État sur le terrain d’une citoyenneté active, englobant les différentes versions des droits de l’homme, co-souveraineté régie par le contrat social, notre pacte républicain.

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