Promotion au grade d’Officier de la Légion d’honneur de Hélène LUC – Choisy-le-Roi, le 21 mars 2017

Monsieur le Préfet,

Monsieur le Président du Conseil départemental du Val-de-Marne,

Monsieur le Maire de Choisy-le-Roi. Je joins mes salutations à celles que vous avez adressées aux personnalités qui honorent cette cérémonie, et je salue particulièrement Monsieur l’Ambassadeur du Vietnam en France dont la présence et les paroles qu’il vient de prononcer donnent une dimension internationale à cette cérémonie de la République française,

Mesdames, Messieurs,

Chère Hélène,

 

C’est pour moi un plaisir et un honneur d’avoir été choisi par mon amie Hélène Luc pour lui remettre les insignes d’Officier dans l’ordre de la Légion d’honneur. Lorsque je suis entré dans cette salle une personne m’ademandé le but de ma visité, je lui ai dit que je venais pour la cérémonie d’hommage à Hélène Luc. Elle s’est alors exclamée : « Madame Luc, c’est un monument ! ». Je sais donc que je suis venu pour décorer un monument.

Je peux néanmoins regarder cela comme un juste retour des choses car je me souviens que, lors de mon entrée au gouvernement en 1981, elle m’avait organisé un apéritif et m’avait offert, au nom du groupe communiste dont elle était présidente au Sénat, une médaille à l’effigie de Maurice Thorez, qui avait été lui aussi ministre de la Fonction publique. Aujourd’hui je vais lui remettre les insignes d’un ordre créé par Napoléon. Maurice Thorez et Napoléon, même combat ! Nos grands hommes en la circonstance, mais nous convoquerions bien ensemble également nos grandes femmes.

Mais je suis heureux aussi, Monsieur le Maire de Choisy-le-Roi, que la cérémonie ait lieu ici, car la ville ne m’est pas une terre inconnue. De nombreux souvenirs m’y rattachent.. Mes parents y ont habité dans les années 1930, rue Rollin Régnier. J’y ai été scolarisé deux fois. La première fois en primaire et j’ai encore les billets d’honneur qui m’ont alors été décernés alors. La deuxième comme élève de l’école centrale du Parti communiste français. J’y ai été ensuite enseignant pendant plusieurs années, et ce dans la résidence qui hébergera aussitôt après la délégation vietnamienne négociant les accords de paix de Paris de 1973. Enfin, j’y ai noué des amitiés, en particulier avec Louis Luc, résistant, ancien maire de Choisy, grand journaliste à Ce soir et l’Humanité, pour qui j’ai une pensée ce soir ; avec Daniel et Annick Davisse qui a collaboré avec moi au ministère sur l’égalité femmes-hommes dans la fonction publique.

Mes liens avec Hélène cependant se rattachent principalement aux années que nous avons passées ensemble au Sénat. Nous y avons été élus à la même date le 25 septembre 1977, Hélène dans le Val-de-Marne, moi dans les Hauts-de-Seine. J’y suis resté quatre ans, Hélène trente ans. Mais j’y suis resté suffisamment longtemps pour me rendre compte combien il fallait, sous les ors et dans l’atmosphère du Palais du Luxembourg, de patience, d’abnégation, de courage pour faire œuvre utile et ne pas se décourager dans un environnement où on peut être parfois amené à se demander à quoi on sert. Car c’est une expérience éprouvante que d’être minoritaire dans une minorité. Je me suis souvent posé la question, notamment lorsque je suis parvenu une seule fois à obtenir un vote majoritaire dans une discussion budgétaire pour abaisser le taux de TVA sur les chaises de personnes handicapées de 15 % à 5 %, mais vous savez que le gouvernement a la possibilité à la fin de la discussion de faire voter sur l’ensemble des amendements par un vote bloqué portant sur les seuls amendements qu’il retient. Le mien ne figurait pas dans la liste il a donc été abandonné. Le ministre du Budget de l’époque s’appelait … Maurice Papon.

C’est pourquoi j’apprécie à les mérites éminents des sénateurs et sénatrices qui, comme Hélène, ont mené et mènent toujours ce combat opiniâtre pour la justice sociale et la démocratie. Je les salue ainsi que leurs collaborateurs dévoués. L’honneur qui est fait aujourd’hui à Hélène rejaillit aussi sur elles et sur eux. Lorsque j’ai visité le Sénat pour la première fois, c’était sous la conduite de notre ami André Aubry – ancien maire d’Anthony – et comme je m’étonnais déambulant dans les couloirs et les salles de le voir faire manifester beaucoup de courtoisie avec des sénateurs de différentes obédiences, après qu’i ait serré la main à Jean Lecanuet je lui ai dit mon étonnement. Il m’a alors répondu : « C’est vrai que la courtoisie est ici de rigueur, mais ce n’est qu’apparence :, la confrontation des idées est dure mon parti m’a fait élire ici pour « tenir le front du Sénat ; alors je tiens le front du Sénat ! ».

Comme lui, Hélène, monument de la vie politique locale et nationale ce qui constitue un atout, a tenu vaillamment le « front du Sénat ». Mais pas seulement. Lui remettant les insignes de chevalier de la Légion d’honneur en 2008, notre ami André Lajoinie a rappelé que, fille de mineur, elle s’est engagée très tôt dans l’action militante dès jeunesses communistes et a participé à tous les combats de progressistes de son temps. Elle a détenu de nombreux mandats : conseillère générale du Val-de-Marne de 1967 à 2004, conseillère régionale en 1976 et 1977, sénatrice de 1977 à 2007, présidente du groupe communiste (puis communiste, républicain e citoyen) au Sénat de 1079 à 2001 ; succédant à Marcel Rosette. Membre de la commission des affaires étrangères, elle a présidé le groupe d’amitié France-Vietnam et parrainé un partenariat entre l’assemblée départementale du Val-de-Marne et une province du Vietnam. Dans l’exercice de ses mandats Hélène a été omniprésente sur le terrain, traitant de dossiers aussi divers que l’enseignement, le logement, l’environnement, les relations internationales, et bien d’autres. Hélène a donc bien mérité de la République. La distinction qui l’honore aujourd’hui répond bien aux dispositions de l’article 6 de la Déclaration de droits de l’homme et du citoyen de 1789 aux termes duquel : « Tous les citoyens étant égaux (aux) yeux (de la loi) sont également admissibles à toutes places, dignités et emplois publics, selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents ».

Conformément aux dispositions du Code de la Légion d’honneur qui exige la confirmation de « mérites éminents » postérieurement à sa nomination dans l’Ordre, Hélène a continué de déployer une intense activité dans tous les domaines pour le progrès et la démocratie. Je me limiterai à quelques points qui à eux seuls justifient pleinement cette promotion.

 

 Sur le génocide arménien. Cette action a tout d’abord été marquée par le vote d’une proposition de loi de reconnaissance du génocide, prolongée par une nouvelle proposition contre le négationnisme. Hélène a initié et participé à de multiples manifestations autour du centième anniversaire du génocide en France, et sous diverses formes à Choisy avec le concours actif de la municipalité.

Pour l’amitié et la coopération avec le Viêt Nam. Présidente depuis 2007 de l’association d’amitié franco-vietnamienne pour la coopération et la solidarité avec le Vietnam, elle a développé une activité soutenue pour la connaissance en France du Vietnam, la coopération économique entre les deux pays, le développement de la francophonie, des actions de solidarité en faveur des plus pauvres. Plusieurs manifestations ont eu lieu avec son concours ces dernières années avec la participation de chambres de commerce et d’industrie (Paris, Lyon, Toulouse), d’universités, conseils généraux, municipalités, ambassade du Vietnam. Je pourrais encore évoquer des expositions et des conférences et pour conclure un déplacement en 2013 avec le maire de Choisy au Vietnam pour le 40° anniversaire des accords de paix de Paris, l’occasion de prononcer un discours devant 1000 personnes, 40 délégations étrangères, le Président de la République du Vietnam et Mme Thi Binh, bien connue en France et qui faisait partie de la délégation du Sud Vietnam lord des accords de Paris. Une femme remarquable d’intelligence, de rigueur et qui était au surplus une très belle femme : je l’avais remarqué et je n’étais pas le seul.

Pour le Musée National de la Résistance de Champigny. Hélène est membre du bureau du Musée depuis 2007. Elle a créé en 2015 l’association valdemarnaise des amis du musée. Elle participe aujourd’hui activement à la conception d’aménagement du nouveau bâtiment mis à la disposition de l’association par le département. Elle est très impliquée dans la préparation du concours de la Résistance dans les écoles et de la Journée de la Résistance. Toutes ces activités lui valent d’être membre du conseil d’administration de l’ensemble des musées de la Résistance de France.

 Sur le vote d’une loi pour la reconnaissance et l’indemnisation des victimes des essais nucléaires en Polynésie. Elle s’est dépensée sans compter pour que les dossiers soient plus rapidement examinés pour le plus grand nombre.

Je pourrais encore évoquer son action en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes et l’éducation civique et institutionnelle dans les établissements scolaires.

 C’est pour ces raisons que, seulement huit ans – c’est le délai minimum requis – après sa nomination dans l’ordre de la Légion d’honneur, elle est aujourd’hui promue au grade d’officier. Et c’est pour tout cela que,

Hélène Luc, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés nous vous faisons Officier e la Légion d’honneur.

Voeux pour 2017 aux Bretonnes et Bretons de l’Ile de France

Des garanties pour tous

EscaroL’année 2016 aura été marquée par deux évènements parfaitement contradictoires. D’une part l’adoption d’une « loi travail » qui va précariser les travailleurs du secteur privé en les abandonnant dans les niveaux les plus bas de la « hiérarchie des normes ». D’autre part, la commémoration du 70e anniversaire du Statut général des fonctionnaires de 1946 qui a fait du fonctionnaire, selon le promoteur du statut, Maurice Thorez, alors vice-président du Conseil, ministre de la Fonction publique, «  un homme et non le rouage impersonnel de la machine administrative ». Aussi ne faut-il pas s’étonner d’entendre en ce début de campagne électorale des élections présidentielles de 2017, les discours les plus rétrogrades en appeler au nivellement des situations par le bas au nom d’un principe d’égalité qu’ils ne conçoivent que dans la précarité pour tous, dénonçant par là la « privilégiature » des fonctionnaires, garantis dans leur emploi, pour une fonction publique démocratique et efficace. L’autre réponse du principe d’égalité serait d’élever toutes les garanties, du public comme du privé, vers une véritable sécurité sociale professionnelle protégeant les plus faibles par l’instauration d’un véritable « statut législatif des travailleurs salariés du secteur privé » dans le respect de la spécificité du statut général des fonctionnaires, serviteurs de l’intérêt général.  Je fais le vœu que 2017 marque le début de la convergence de vies meilleures pour chacune et chacun, du privé comme du public.

Bretagne-Ile de France – Voeux aux Bretonnes et aux Bretons de l’Ile-de-France 2016

Éloge du mille-feuilles

Escaro

 La région a fait la plus récente actualité après le redécoupage du territoire national en début d’année. Pour justifier l’importance des différences instances territoriales on a eu souvent recours aux comparaisons pâtissières : l’administration serait pareille à un mille-feuilles superposant une multitude de niveaux de décisions (la ministre chargée de la décentralisation préférant, elle, se référer au quatre-quarts). Or, en matière d’organisation de l’espace territorial national il n’y a pas mille niveaux pertinents, mais on peut en retenir six : la commune, les intercommunalités, le département, la région, la nation et l’Europe. Trois sont à dominante politique : la commune, le département et la nation ; trois à dominante économique : l’intercommunalité, la région, l’Europe. En démocratie le politique doit l’emporter sur l’économique quand bien même tous ces niveaux ont leur importance. Les choses étant ainsi ordonnées on peut en appeler à l’histoire de régions aussi clairement identifiée que la Bretagne dans la plénitude de sa géographie, à son histoire, à sa culture, à sa place dans la République française indivisible. Je souhaite aux Bretonnes et aux Bretons de l’Ile de France et d’ailleurs une bonne année 2016, réservant au mille-feuilles, quatre-quarts et autre kouign aman le soin d’en agrémenter les moments heureux, le verre à la main.

 

Légion d’Honneur de Françoise LE BOT – Lanmeur, le 2 mai 2015

Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs, Chère Françoise,

IMG_4420 Merci Monsieur le Maire pour votre accueil. Je l’apprécie d’autant plus que les relations entre Trégorois et Léonards ont souvent été méfiantes. Mon père traduisait ce sentiment en soutenant que les premiers disaient des seconds « Ceux-là ont une main sur leur chapelet et l’autre dans votre poche ». Aujourd’hui notre réunion témoigne que nous avons dépassé cet état d’esprit

Une remise de décoration est toujours le moment à la fois intime et solennel de s’interroger sur sa vie, sur ses valeurs, sur la place que l’on occupe dans la société, sur le rapport aux autres. C’est vrai surtout bien sûr pour le ou la récipiendaire mais aussi pour celui qui officie.

Se manifestent en cette occasion les opinions les plus diverses. Un éminent juriste de mes amis, conseiller d’État, Guy Braibant, avait l’habitude de dire en ces occasions : « Une décoration ça ne se demande pas, ça ne se refuse pas, ça ne se porte pas ». Moyennant quoi il portait les siennes allègrement.

Mais l’attribution d’une décoration est aussi un enjeu. J’ai connu une période où les personnes qui étaient engagées dans un mouvement associatif, syndical ou politique contestataire n’avaient jamais de décoration. Cela était le privilège des élites, d’une pratique d’un autre monde. Par suite, dans les mouvements où je militais, on ne se posait pas la question et lorsqu’il nous arrivait d’en parler c’était pour dire notre dédain. Mais nommé ministre, j’ai eu à décerner des décorations et, dès lors, j’ai eu à me poser la question des critères d’attribution. J’ai pensé alors qu’il convenait de réparer les injustices et d’en attribuer à ceux qui, jusque-là, en avaient été privés. J’appréhendais un peu leur réaction connaissant l’état d’esprit des plus rudes de certains d’entre eux. Mais à ma surprise ils ont été heureux et reconnaissants de cette proposition et, quant je leur ai remis cette décoration, certains ont même écrasé une larme. J’ai aussi l’exemple de cet ami, ancien ministre, qui avait juré également que jamais il n’accepterait une décoration ; il l’a pourtant acceptée lorsqu’on lui en a fait la proposition et se l’est fait remettre par le Premier ministre Pierre Mauroy et l’a dédiée à son père mort à Auschwitz. Une décoration touche donc souvent à l’intime quand bien même ce n’est pas un objectif de vie.

Ce qui a été pour moi décisif, c’est la demande de rencontre que m’a faite un jour, pendant la période ministérielle, le Grand Chancelier de la Légion d’honneur. Je l’ai reçu, un général bardé de décorations. Après quelques échanges convenus, il m’a tenu à peu près ce discours : « Monsieur le ministre, je suis chargé par le Conseil de l’Ordre, de vous dire que nous ne contestons pas évidemment les propositions que vous avez faites lors des dernières promotions, il s’agit sans aucun doute de personnes méritantes, mais il est d’usage d’équilibrer les catégories sociales dans les promotions et, s’agissant de celles que vous nous avez présentées, il nous semble que la catégorie des syndicalistes était sur-représentée ». Sur le coup j’ai pensé que je n’avais pas bien compris, je suis resté sans voix et il est reparti. Choqué, j’ai demandé à l’administration d’établir une statistique sur les vingt dernières années de laquelle il est ressorti que pas un seul syndicaliste n’avait été nommé durant ces deux décennies. Je m’en suis entretenu avec le Président François Mitterrand en fin de l’un des conseils des ministres qui a suivi. Il m’a dit qu’il ferait les remontrances nécessaires au Conseil de l’Ordre.

Je me suis alors attaché à rechercher les bases de légitimité des décorations. Je pense les avoir trouvées dans l’article 6 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 où l’on relève la phrase suivante. « Tous les Citoyens étant égaux (aux yeux de la loi) sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. ». Recevoir une décoration ce n’est donc pas futile ; c’est exercer un droit.

Dignités, capacités, vertus, talents, nous pouvons dire, s’agissant de Françoise Le Bot, qu’ils sont surabondants. Au point que je ne pourrai qu’en donner un aperçu très limité.

Françoise est un exemple édifiant de courage et de ténacité dans l’accomplissement d’une formation professionnelle de haut niveau.

Elle débute dans sa vie professionnelle comme sage femme, diplômée d’État en 1982.

De 1983 à 1987 elle se lance dans des études de droit à la faculté de droit de Brest consacrées par une maîtrise.

Puis c’est un diplôme d’études supérieures d’économie et de gestion en 1988 à l’Université de Paris I.

1989-1990, moment important dans son cursus : elle est étudiante à l’IPAG, Institut de préparation à l’administration générale, de Brest où elle rencontre son directeur, notre ami commun, Yves Moraud, qui nous a quitté en septembre dernier, ami aussi de plusieurs personnes ici présentes. Françoise m’a dit qu’elle souhaitait évoquer sa mémoire, je souscris par avance à l’hommage sui lui est du mais que nous n’avons malheureusement pas eu l’occasion de lui rendre.

En 1991, elle devient inspectrice des affaires sanitaires et sociales, principale en 1997

En2005, elle réussit le concours sur titre pour les fonctions de directeur d’hôpital dont elle suit la formation à l’École nationale de la santé à Rennes.

C’est donc une ascension sociale tout à fait remarquable, faite d’intelligence, de ténacité débouchant sur une compétence de haut niveau.

C’est dans le cadre de sa vie professionnelle qu’elle donne aujourd’hui sa pleine mesure. La situation est mieux connue, c’est pourquoi je me bornerai à quelques repères.

Elle exercera donc pendant huit années les activités de sage-femme dans plusieurs établissement, à Landerneau et Brest notamment.

Comme inspectrice des affaires sanitaires et sociales, elle sera chargée de missions importantes en direction des personnes handicapées, de l’enfance handicapée. Comme inspectrice principale ses fonctions se porteront au niveau ministériel concernant les questions juridiques liées à la mise en œuvre des politiques sociales.

Elle revient ensuite au terrain local de 1999 à 2005 à la DDASS du Morbihan comme chef su service « offre de soins » et prend une place croissante dans le cadre de l’ARH dans tous les domaines : gestion prévisionnelle, animation d’équipes, restructurations d’établissements, présidence de CAP, etc.

À sa sortie de l’École de la Santé, en 2005, ses activités se situeront naturellement à la direction d’Établissements publics hospitaliers.

’abord au CH de Douarnenez. Puis à partir de 2008 comme directrice de l’hôpital local de Lanmeur devenu depuis CH. La plupart des personnes ici présentes en savent beaucoup plus que moi sur l’importance de cet établissement dans la vie de la cité comme dans leur vie personnelle, c’est pourquoi je ne m’y attarderai pas. J’ai été impressionné par la description des projets en cours, l’importance des sommes engagées exigeant une haute idée de sa responsabilité, l’ambition du recours aux nouvelles technologies, l’intérêt porté aux activités culturelles et artistiques consacrées par de nombreux prix, l’ouverture sur l’extérieur (l’école publique de Lanmeur, le musée de Morlaix, le Conseil général-départemental).

Tout en restant très incomplet je pourrai encore évoqué à de nombreuses activités et responsabilités externes : participation à des groupes de travail, à des colloques, instances de formation, soutien aux étudiants et membre de conseil d’administration et du bureau de l’Association nationale des hôpitaux locaux.

Je salue les nombreux membres de sa famille aujourd’hui honorés dans son sillage.

« Françoise Le Bot, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier de la Légion d’Honneur ».IMG_4416

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Photo du haut : intervention de Jean-Luc Fichet, maire de Lanmeur

Photo du bas : avec les maires du canton

Colloque « Les saisonniers » – Sénat 1er-2 avril 2015

« Saisonniers : quelles mesures pour sortir de la crise ? »

Un statut pour les travailleurs saisonniers du tourisme

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À l’initiative de Michelle DEMESSINE alors chargé du ministère du Tourisme, un rapport a été élaboré en 1998 intitulé Propositions pour l’amélioration de la situation sociale et professionnelle des travailleurs saisonniers du tourisme. Ce rapport a été publié à la Documentation française en 1999.

te mission a donné lieu à une très large concertation avec tous les acteurs du secteur. Il a abouti à 31 propositions très précisément analysées dans les objectifs et les moyens, couvrant aussi bien la statistique du secteur que de l’emploi et de la formation, la lutte contre le « travail au gris », le logement, les transports, la médecine du travail, les salaires, le dialogue social et le droit syndical.

Aussi sérieusement que ces propositions aient été établies, la liste de ces 31 propositions ne nous donnait pas totalement satisfaction en raison de leur caractère essentiellement analytique qui ne traduisait pas suffisamment la dimension politique de la situation des travailleurs du secteur et la cohérence et l’unité des solutions proposées.

Je me suis gardé longtemps de parler de « statut » pour ne pas accréditer l’idée que, ancien ministre de la Fonction publique, je voulais faire des saisonniers des fonctionnaires. Mais ce sont les saisonniers eux mêmes et leurs organisations syndicales qui ont fini par dire « ce qu’il nous faut c’est un véritable  » statut  » ». Certes, le mot était pris dans une autre acception que celle du Statut général des fonctionnaires, mais l’intention était claire : sécuriser les parcours professionnels et améliorer les conditions matérielles et morales de ces activités, notamment par la loi et le règlement.

ela nous a conduit à présenter nos propositions en cinq volets :

Numériser 381° Appliquer effectivement le droit existant.

2° Réactiver les négociations collectives.

3° Élaborer un projet de loi reprenant l’ensemble des questions s étudiées.

4° Prendre les mesures réglementaires nécessaires : pour les dispositions législatives et réglementaires des projets ont été rédigés.

5° Développer les partenariats entre l’État et les acteurs du secteur.

C’est finalement cet ensemble, voulu cohérent, que nous avons appelé « statut des travailleurs saisonniers du tourisme ».

* D’ou ma première conclusion : qu’est-ce que tout cela est devenu ? Un inventaire rapide serait sans doute utile indiquant ce qui a été réalisé, ce qui ne l’a pas été et pourquoi ? Ce qui était pertinent et ce qui ne l’était pas et pourquoi ? Un inventaire qui pourrait être un nouvel état des lieux et un nouveau départ sur la base d’un nouveau rapport.

* Ma seconde conclusion tient à l’extension du débat, 17 ans plus tard, de la question de la précarité au travail. La question était au cœur des négociations sur l’accord national interprofessionnel (ANI) de janvier 2013 (loi du 11 juin 2003). Mais elle a conduit aussi certaines organisations syndicales a proposer un « nouveau statut du travail salarié » ou, mieux, une véritable « sécurité sociale professionnelle ». Je préfère pour ma part parler d’un « statut des travailleurs salariés du secteur privé » dans l’esprit de la voie ouverte par le « statut des travailleurs saisonniers du u tourisme ». Cette réflexion sur les saisonniers pouvant d’ailleurs être étendue aux travailleurs saisonniers d’autres secteurs, agricole notamment.

On le voit, aujourd’hui comme hier, il est très important de réfléchir à la situation des travailleurs saisonniers du tourisme que j’avais à l’époque qualifiés de « prolétaires des temps modernes ». Ils demeurent aujourd’hui la caricature des travailleurs précaires. Ce qui justifie fondamentalement l’intérêt de ce colloque.

Banquet de l’Union des sociétés bretonnes de l’Ile-de-France (USBIF) – 15 mars 2015

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de gauche à droite : Patrice Bessac, Didier Le Reste, Jean Le Lagadec, A.LP

Je suis honoré d’avoir été choisi pour présider aujourd’hui ce banquet des Bretonnes et Bretons de l’Ile de France à Montreuil. Ce n’est, il est vrai, pas la première fois. Celle-ci, m’a-t-on dit, était justifiée par l’écriture du livre « La fonction publique du XXI° siècle » avec un grand intellectuel en même temps qu’un important responsable syndical au niveau national chez les enseignants, Gérard Aschieri, qui n’est pas Breton mais fils d’immigré italien.

Que cela se passe à Montreuil a pour moi un sens. J’y ai de nombreux amis. Je viens d’y achever 62 ans d’activité dans la fonction publique, dont 13 ans à la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) – à la limite de Vincennes, près du lieu de l’attentat qui entraine notre compassion en même temps qu’il nous invite à poursuivre notre réflexion sur notre société, sa crise actuelle et les contradictions qui l’agitent.

Cela nous amène à nous interroger encore – comme je le faisais déjà moi-même en tant que juge du droit d’asile – sur les dangers du communautarisme religieux, ethnique qui prétend justifier une telle violence de la part d’État persécuteurs et jusqu’en France. Président d’honneur de l’USBIF depuis un long temps j’ai soutenu l’affirmation réitérée de ses congrès et de ses dirigeants au principe de laïcité.

Mais je dois aussi parler de ce qui a justifié cette présidence d’un jours : le livre sur le service public et la fonction publique, si souvent décriés ainsi que les agents publics et les fonctionnaires. Nous ne quittons pas l’actualité en relevant que personne n’a estimé durant les évènements dramatiques que j’évoquais qu’il y avait dans notre pays trop de forces de l’ordre, trop de personnels des services de santé, trop d’enseignants pour former à la citoyenneté… Il serait bon de s’en souvenir en d’autres circonstances.

a France a la chance de disposer d’un service public de qualité, fondé sur des notions éprouvées comme l’intérêt général – on disait le bien commun sous la monarchie. Idées qui n’ont de sens qu’au niveau national.

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au micro : Patrice Bessac; maire de Montreuil

Cette conception est basée sur des principes solidement ancrés dans notre histoire : d’égalité, d’indépendance, de responsabilité. Nombre d’observateurs de tous bords politiques ont souligné au plus fort de la crise financière que notre pays avait de la chance de disposer d’un secteur public étendu, véritable « amortisseur social » du point de vue de l’emploi, de l’activité économique, de la protection sociale et de la morale – car la fonction publique française est une fonction publique intègre. Il importe aussi de rappeler que cette conception formalisée par le statut général des fonctionnaires est une émanation de la volonté exprimée par le Conseil national de la Résistance (CNR) et l’aboutissement d’un travail commun d’homme aussi différents que Michel Debré qui avait été chargé de cette tâche par le général de Gaulle et Maurice Thorez, Vice-Président du Conseil, ministre de la Fonction publique. Aujourd’hui, aboutissement de cette histoire quelque 6,5 millions d’agent des services publics (fonctionnaires et salariés des entreprises publiques) soit un quart de la population active est protégé par la loi et non le contrat.

La suite de ce raisonnement est dans le livre signalé. Si j’y reviens ce n’est pas pour en faire une publicité commerciale car je n’ai rien à vendre personnellement, mais pour poursuivre le débat avec ceux qui le souhaiteront.

Si je viens d’évoquer la laïcité et le service public c’est parce que je considère que ce sont les deux piliers majeurs de notre conception, celle de citoyens d’origine Bretonne, républicains convaincus ; il n’y a pas de contradiction entre ces termes, d’ailleurs la question n’est pas nouvelle. Il y a deux mille ans Cicéron distinguait pour chaque citoyen romain, d’une part sa patrie de nature, elle de ses racines de ses paysages, de sa famille, de sa culture, et il disait qu’il était normal que tout citoyen romain y fut attaché ; d’autre part sa patrie de droit qui seule lui conférait ses droits et devoirs pour vivre en société, et il affirmait que dans l’organisation de la vie commune des citoyens la patrie de droit devait prévaloir sur la patrie de nature.

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de gauche à droite : avec Didier Le Reste et jean Le Lagadec
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avec Jean-Pierre Brard (à droite)
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avec Didier Le Reste

Plus près de nous, Mona Ozouf, bretonne comme son nom ne l’indique pas, a étudié la construction de la citoyenneté française à partir de la Révolution française, montrant comment elle avait émergé par-delà la multitude des particularismes des sujets de l’Ancien Régime, aboutissant ainsi à la conception d’un citoyen abstrait. Je parle de Mona Ozouf en raison de nos caractéristiques communes : sa mère Anne Le Denn est née à Lannilis en pays léonard en 1905, tout comme la mienne la même année. Il s’ensuit également que j’ai le même âge que Mona Ozouf. Vous me direz que ces précisions n’ont rien à voir avec ce qui précède sur la laïcité, le service public, la citoyenneté. C’est vrai, mais il fallait bien que je termine d’une manière ou d’une autre. C’est celle que j’ai choisie… Je vous souhaite une bonne santé et un bon appétit.IMG_4848

Voeux aux Bretonnes et aux Bretons de l’Ile-de-France – Bretagne-Ile de France; janvier 2015

Dans le souvenir de 14-18

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Anicet Guillaume LE PORS
Né le 17 avril 1894 à Kernilis (Finistère)
Mort le 25 février 1915 de ses blessures dans l’église de Laval-sur-Tourbe, transformée en hôpital de campagne, inhumé d’abord à l’arrière de l’église puis déplacé en 1924 dans le cimetière militaire de Minaucourt (Marne). Visite des 21 et 22 octobre 2014.

La Bretagne a perdu beaucoup des siens pendant la première guerre mondiale. Bien plus que la moyenne nationale, dit-on. Chacun d’entre nous a eu un arrière grand père, un grand père, ou un oncle tué dans ce conflit et déclaré « Mort pour la France ». Le premier vœu est de continuer en 2015 et après à se souvenir d’eux ; ils étaient jeunes, plus fort qu’aujourd’hui, ils avaient le sens de leur patrie nationale, leur patrie de droit, indissociable de leur patrie de nature. Ils ont beaucoup souffert et appris ce que la guerre veut dire de malheurs.  Ils n’ont pas tous eu le temps de condamner ceux qui les avaient livrés au massacre pour la défense d’intérêts sordides. Souhaitons donc que cette commémoration soit une action pour la paix. Quelle dénonce les fauteurs de guerre toujours présents  et actifs en de nombreux points du globe. Qu’elle fasse obstacle aux intégrismes de toute nature.  Qu’elle souligne la priorité de la souveraineté nationale et populaire  contre les fuites en avant supranationales. C’est la meilleure voie de la contribution de notre vieux pays à l’émergence de valeurs universelles et à l’avènement d’un avenir progressiste du genre humain. Parce qu’ils ont payé un très lourd tribu dans la guerre, les Bretonnes te les Bretons se doivent d’être aux premiers rangs du combat émancipateur. Il leur faut pour cela une bonne santé et une vie heureuse, c’est le souhait que je formule pour eux en 2015.

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Église de Laval-sur-Tourbe (Marne)
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Cimetière militaire de Minaucourt (Marne)

 

Ordre National du Mérite à Gaëlle Abily – Brest, 28 novembre 2014

Monsieur le Maire, Mesdames ; Messieurs, Chère Gaëlle,

 

Merci Monsieur le Maire pour votre accueil toujours aussi amical,

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De droite à gauche : François Cuillandre, maire de Brest, Gaëlle Abily, Anicet Le Pors salle Richelieu à l’Hôtel de ville de brest

Je veux tout d’abord saluer les grands parents de Gaëlle, ses parents, son mari, ses enfants,

Ce n’est pas la première fois, Monsieur le Maire, que je suis amené à remettre une décoration dans cette grande salle de la mairie de Brest. La première fois c’était il y a trente et un ans, la récipiendaire était une conseillère municipale de Brest, ancienne adjointe au Maire, mon amie Yvonne Lagadec. Je m’en souviens pour deux raisons. Le Maire, un de vos prédécesseur mais qui n’était pas de la même couleur politique que vous, Jacques Berthelot, m’avait accueilli par ces mots : « Monsieur le ministre, je vous préviens, il n’y aura pas de champagne ! » Le coup était rude. Le débat étant situé à ce niveau, je me suis dit que je ne pourrai pas suivre ; et je n’ai pas suivi. La deuxième raison est que, lorsque j’ai achevé mon discours, du type  de celui que je viens d’entreprendre, je me suis retourné vers Yvonne et je lui ai demandé «  La médaille ? » Elle m’a répondu « Oh, je l’ai oubliée à la maison ! » J’ai du alors siffler la fin de la première mi-temps  et nous avons pu quelques minutes plus tard, la médaille récupérée, terminer la cérémonie dans la dignité et la bonne humeur.

Une remise de décoration est toujours le moment de s’interroger sur sa vie, sur ses valeurs, sur la place que l’on occupe dans la société, sur le rapport aux autres. C’est vrai surtout bien sûr pour le ou la récipiendaire.

Se manifestent en cette occasion les opinions les plus diverses. Un éminent juriste de mes amis, Guy Braibant, avait l’habitude de dire en ces occasions : « Une décoration ça ne se demande pas, ça ne se refuse pas, ça ne se porte pas ». Moyennant quoi il portait les siennes allègrement.

Mais l’attribution d’une décoration est aussi un enjeu. J’ai connu une période où les personnes qui étaient engagées dans un mouvement associatif, syndical ou politique contestataire n’avaient jamais de décoration. Cela était le privilège des élites, d’un autre monde. Par suite, dans les mouvements où je militais, on ne se posait pas la question et lorsqu’il nous arrivait d’en parler c’était pour dire notre dédain. Mais nommé ministre, j’ai eu à décerner des décorations et, dès lors, j’ai eu à me poser la question des critères d’attribution. J’ai pensé qu’il convenait de réparer les injustices et d’en attribuer à ceux qui, jusque-là, en avaient été privés. J’appréhendais un peu leur réaction connaissant l’état d’esprit des plus rudes d’entre eux. Mais à ma surprise ils ont été heureux et reconnaissants de cette proposition et, quant je leur ai remis cette décoration, certains ont écrasé une larme. J’ai aussi l’exemple de cet ami, ancien ministre, qui avait juré que jamais il n’accepterait une décoration ; il l’a pourtant accepté lorsqu’on lui en a fait la proposition et se l’est fait remettre par le Premier ministre en présence de plusieurs ministres et l’a dédiée à son père mort à Auschwitz. Une décoration touche donc souvent à l’intime.

Ce qui a été pour moi décisif, c’est la demande de rencontre que m’a faite un jour, pendant la période ministérielle, le Grand Chancelier de la Légion d’honneur. Je l’ai reçu, un général bardé de décorations. Après quelques échanges convenus, il m’a tenu à peu près ce discours : « Monsieur le ministre, je suis chargé par le Conseil de l’Ordre, de vous dire que nous ne contestons pas évidemment les propositions que vous avez faites lors des dernières promotions, il s’agit sans aucun doute de personnes méritantes, mais il est d’usage d’équilibrer les catégories sociales dans les promotions et, s’agissant de celles que vous nous avez présentées, il nous semble que la catégorie des syndicalistes était sur-représentée ». Sur le coup j’ai pensé que je n’avais pas bien compris, je suis resté sans voix et il est reparti. Choqué, j’ai demandé à l’administration d’établir une statistique sur les vingt dernières année de laquelle il est ressorti que pas un seul syndicaliste n’avait été nommé durant ces deux décennies. Je m’en suis entretenu avec le Président François Mitterrand en fin de l’un des conseils des ministres qui a suivi. Il m’a dit qu’il ferait les remontrances nécessaires au Conseil de l’Ordre.

Je me suis alors attaché à rechercher les bases de légitimité des décorations. Je pense les avoir trouvées dans l’article 6 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 où l’on relève la phrase suivante. « Tous les Citoyens étant égaux (aux yeux de la loi) sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. ». Recevoir une décoration ce n’est donc pas futile ; c’est exercer un droit.

Capacités, vertus, talents, nous pouvons dire qu’en nombre ils bien caractérisent Gaëlle Abily.

ACH_7190Gaëlle a fait des études supérieures en économie et en relations internationales, matières qui nous rapprochent également.

Elle s’est engagée dans la vie professionnelle en 1997 comme chargée de mission à l’observatoire emploi-formation de la Communauté urbaine de Brest. Puis elle a été chargée de projets européens et internationaux, avant de rejoindre la direction du développement économique. L’exercice de ces fonctions lui sera utile dans ses activités ultérieures.

Simultanément elle s’est engagée dans le militantisme politique. Elle a été secrétaire départementale du Parti communiste français de 2001 à 2005 ; membre du Conseil National du PCF de 1999 à 2013. Naturellement, elle a été candidate de ce fait à de multiples élections : municipales, cantonales, régionales, législatives, sénatoriales, européennes. La seule qu’elle n’ait pas pratiquée c’est la présidentielle ; mais il lui reste beaucoup de temps pour pallier ce manque.

En 1998, elle est élue au Conseil régional de Bretagne ; elle est la plus jeune élue de toutes les régions. Elle exerce pendant quelques années au sein de la « Commission formation initiale et continue, enseignement supérieur et apprentissage. »

Mais c’est à partir de 2004 qu’elle pourra donner toute sa mesure, élue vice-présidente de la région Bretagne et chargée d’une responsabilité nouvellement créée l’égalité femmes/hommes. De là date notre première rencontre puisqu’à la même époque je présidais le Comité de pilotage pour l’égal accès des femmes et des hommes aux emplois supérieurs des fonctions publiques.

Elle engage la création du Conseil régional pour l’égalité femmes-hommes en Bretagne, un réseau réunissant régulièrement 600 membres.

C’est ensuite la réalisation, en 2006, de la première Biennale de l’égalité femmes-hommes. Je me souviens y avoir participé avec Pierre Maille. La dernière manifestation s’est tenue à Lorient en 2014 et a concerné plus de 4000 personnes.

Puis c’est l’adoption à l’unanimité des organisations syndicales et de l’assemblée régionale d’un plan d’action pour l’égalité hommes-femmes en faveur des agents de la Région.

Intervient également l’adhésion de la Région à la Charte européenne pour l’égalité dans la vie locale.

C’est encore l’adoption d’une Charte de partenariat pour la qualité de l’emploi » (dialogue social et égalité) en Bretagne qui conditionne l’attribution des aides publiques.

C’est en raison de cette impressionnante activité de terrain que le « Label égalité », est décerné à la Bretagne par le ministère de la cohésion sociale.

Sur cette base la responsabilité de Gaëlle Abily va passer au niveau national et international. On enregistre, tout d’abord, la reconnaissance par le ministère des droits des Femmes, de la Bretagne « territoire d’excellence » pour l’égalité femmes-hommes ». Elle est accompagnée d’une expérimentation des salariées de l’entreprise Doux.

Gaëlle est ensuite nommée par le Premier Ministre au Haut Conseil à l’égalité femmes-hommes.

Elle remet un rapport sur les stéréotypes masculin-féminin à la ministre chargée du droit des femmes.

Elle développe enfin des actions internationales dans le cadre des Nations Unies en Algérie et à la demande du gouvernement, au Mali.

On le voit, il s’agit à la fois d’une activité de terrain portée jusqu’aux plus hauts niveaux et présentant trois caractères : un engagement et un travail personnels, un souci permanent de rassemblement de tous les acteurs de l’égalité hommes-femmes dans leur diversité, une réflexion théorique sur une grande question de société : l’égalité effective entre les femmes et les hommes.

Je dois également évoquer l’activité de Gaëlle Abily dans le domaine de la culture à Brest. Mais nous sommes à Brest et les acteurs sont là, aussi je laisserai Gaëlle en parler mieux que je ne saurais le faire.

Elle a été nommée en 2008 adjointe au Maire de Brest, chargée précisément de la culture. Elle en est aussi responsable au niveau de la communauté.

Sa démarche y est celle d’une co-construction culturelle avec les acteurs du territoire et la population. Qu’il me soit permis ici d’avoir une pensée pour mon ami Yves Moraud, qui nous a quitté il y a quelques mois et qui jouait un rôle si important dans la vie culturelle de Brest et de la région.

Gaëlle s’est appliquée la promotion de nouveaux axes en direction des jeunes, des travailleurs, des préoccupations de la population et la réalisation de « Lettres de Brest ».

DSC01592lle s’est engagée dans de grands projets : l’ouverture de la Maison du Théâtre et du Mac Orlan. Elle a assuré la présence de la culture autour de l’installation du Tram.

Couronnement de ce travail dans cette autre volet de son activité : Gaëlle a été élue, en juillet 2014, vice-présidente de la Fédération Nationale des Collectivités pour la Culture ( FNCC).

Plus généralement, je veux encore évoquer son action sur les terrains de la laïcité à St-Marc et de la défense de l’emploi et de la dignité des travailleurs et travailleuses, notamment son soutien récent aux salariés et salariées de l’entreprise Gad.

Son rapport au sport et à la culture c’est sa pratique du basket, de l’aviron, de la course à pied et de la guitare : elle est diplômée du Conservatoire de musique de Brest pour cet instrument.DSC01589_cr

n le voit, les capacités, les vertus et les talents de Gaëlle Abiliy justifient pleinement l’honneur qui lui est fait aujourd’hui.ACH_7216

Yves Moraud tire sa révérence le 7 septembre 2014 – Le Télégramme, Steven Le Roy ; 8/9.2014

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Yves MORAUD était un ami. Décédé le 7 septembre dernier, Le Télégramme lui a rendu hommage dans les termes suivants
« J’aime tout, c’est mon problème »

Yves Moraud s’est éteint, hier, à l’âge de 80 ans. Il laisse l’image d’un homme de théâtre, avide de tout.. Photo d’archives Le Télégramme Le professeur Yves Moraud est décédé, hier, à 80 ans. Pilier de la fac de lettres, pionnier de l’Institut de préparation à l’administration générale, fondateur du centre dramatique universitaire, il entretenait, sous son regard malicieux, l’éternelle étincelle de l’intelligence éclairée et de l’amour des autres. Yves Moraud, c’était un personnage à nul autre pareil. Les lunettes en demi-lunes vissées sur le bout du nez, il gardait en permanence le pouvoir de la stupéfaction, de l’enchantement et savait communiquer en toutes circonstances un enthousiasme contagieux. Sa petite silhouette, bientôt un peu pliée par le poids du temps, en faisait un personnage reconnaissable entre mille. Sa remarquable érudition littéraire et son regard acéré sans concession sur la valeur des écrits en faisaient surtout un personnage respecté de tous. Enfance charentaise contrariée Yves Moraud laisse une immense place vacante avec son décès, confirmé hier en fin de journée. Il était de ces rares hommes à deux têtes, sachant coupler l’action et la réflexion sans efforts apparents. Pourtant. Il venait de loin, le petit Charentais de naissance que ses parents prédisposaient au travail des champs. « Par inadvertance, je suis devenu autre chose que ce à quoi ma mère me prédestinait », confiait-il à ces colonnes, alors que l’université lui rendait hommage il y a cinq ans. « Une drôle d’idée », souriait-il alors, tant il lui semblait que l’éternité ne suffirait pas à assouvir toutes ses ambitions. Le théâtre au coeur Car une fois le harassement des champs angoumoisins éloignés à la faveur d’humanités remarquables, Yves Moraud s’est jeté dans les lettres pour une vie de jouissance. Une vie euphorique où les rencontres avec l’oeuvre d’André Malraux, dont il restera l’un des spécialistes mondiaux les plus reconnus, mais surtout avec le théâtre vont tracer un chemin merveilleux. « Le théâtre est devenu ma vie », disait-il, en se souvenant de cette première classe d’un lycée de l’Orne, il y a bien longtemps maintenant, où tout le monde avait marché en joie derrière sa première mise en scène. En se souvenant surtout de ce centre dramatique universitaire qu’il a créé et qui n’a jamais cessé d’innover, de créer, de surprendre. Jusqu’à ce printemps. Depuis presque 50 ans, il aimait Duras et Corneille, Anouilh et Giraudoux. « La terre des prêtres » aussi. Il aimait tout, les acteurs et les actrices et beaucoup l’université des étudiants. « J’aime tout c’est mon problème » Au point de fonder, avec Jacques Baguenard et d’autres, ce qui deviendra l’Institut de préparation à l’administration générale (Ipag). « J’ai été ostracisé par mes pairs littéraires et pris pour un plaisantin absolu par les juristes parce que je formais chômeurs et handicapés aux métiers de la fonction publique », souriait-il, en regardant l’afflux contemporain vers l’institut qui jouit de taux records d’admission aux concours de la fonction publique. La silhouette biscornue et le regard brûlant d’Yves Moraud ? président des Amis de l’Abbaye de Daoulas un temps, rêveur patenté jusqu’à la fin des temps ? vont manquer au paysage. « J’aime tout, c’est ça mon problème », se confiait-il. C’est bien dommage qu’aujourd’hui, il n’ait plus de problème. Imprimer Télécharger Envoyer© Le Télégramme – Plus d’information sur http://www.letelegramme.fr/finistere/brest/disparition-yves-moraud-tire-sa-reverence-08-09-2014-10329953.php#top

Profil en pensées

Queques unes des pensées successivement inscrites ci-contre

* « À caque pas qu’on fait on ne sait si on marche sur une semence ou sur un débris »

Alfred de Musset

* « Pendant la pue le serpent est aveugle »

Ernst Jünger

 * « Là où croit le péril, croit aussi ce qui sauve »

            Friedrich Hölderlin

 * « Parce qu’ils ont une religion, ils se croient dispensés d’avoir une morale

Amin Mzaalouf

 * On empêchera plutôt la terre de tourner que l’homme de se socialiser »

Telhard de Chardin

* « Dans un monde où les PDG se rendent en jeans, col ouvert et blouson de cuir à l’opéra, la rébellion c’est la cravate »

Régis Debray